• Le 1er août 1944, l'écrivain Jean Prévost tombait sous les balles allemandes, dans le Vercors, à Engins. Jérôme Garcin raconte le moment où Michel, le fils de Jean Prévost, le rejoint dans le maquis, quelques jours avant sa mort.

    En cette année 1944, la lumière verticale du mois de juin donne au Vercors une intraitable pureté. Michel sait que, là haut, son père organise depuis des mois la résistance armée. Pour les maquisards, qui ignorent le statut d'écrivain de leur chef, c'est simplement le capitaine Goderville - nom de la bourgade où son père, Henri, est né.

    L'officier a du charisme, l'homme impressionne. Sa force animale, son agilité d'escrimeur, son courage, son humanité et même sa joie de vivre travaillent déjà à sa légende. On se dispute son autorité, on se réclame de lui (...). Il ne parade pas, il se bat. "Goderville et sa compagnie se trouvèrent toujours, dira plus tard Pierre Dalloz (un des membres fondateurs du maquis du Vercors), aux points de la plus grande conséquence et du plus grand risque".

    Le 8 juin, deux jours après le débarquement en Normandie et l'appel de la B.B.C, destiné aux Résistants du plateau ("le chamois des Alpes rebondit"), le colonel Descour, qui commande la région, fait appliquer le "plan Montagnards". L'ordre de mobilisation réveille au crépuscule un Vercors à l'affût. Des volontaires arrivent des campagnes avoisinantes : les effectifs passent de 1.000 à plus de 3.500 combattants. Cinq compagnies sont formées, dont celle du capitaine Goderville, postée sur la ligne de Saint-Nizier : 300 hommes, un mortier britannique, des mitrailleuses légères et des fusils-mitrailleurs. Un armement de fortune, dans l'attente illusoire du matériel lourd, des munitions, et de l'aviation qu'Alger et Londres, on le sait, n'enverront jamais. Relire Aragon : "Roland sonne du cor / C'est le temps des héros qui renaît au Vercors."

    Les derniers jours de Jean Prévost

    Le 9 juin, Michel Prévost décide de rejoindre son père. (...) Il veut en découdre. Ce jour-là, le gamin de seize ans entre au pas de charge, dans l'âge adulte. C'est un Prévost. Il marche jusqu'au pont de la Goule Noire où, profitant d'un transport du maquis, il est conduit à Lans. Là, il rencontre Roland Bechmann, le gendre de la seconde femme de Jean Prévost, qui l'avertit : "Ton père te fait dire de rentrer à la maison. Les parachutages alliés n'ont pas eu lieu, et les choses vont mal tourner." Mais l'adolescent ne cède pas à l'injonction, et poursuit sa route jusqu'à Saint-Nizier. Le soir, dans une ferme, Jean tombe sur Michel. Surprise, émotion, embrassades. Et cette belle phrase, en guise d'adoubement : "Curieuse chose, lui dit-il, que d'avoir son fils pour frère d'armes !"

    Pendant trois jours, les deux Prévost repoussent les assauts de la 157ème division de Gebirsjäger, venue de Grenoble et forte de 500 hommes. Vingt-sept ans les séparent, mais dans le feu, la ferveur et le cran, ils ont le même âge. Jean mène la troupe, Michel (à qui le brevet de secouriste lui vaut d'être nommé infirmier) ramasse les blessés. Surpris par la résistance des Français, les Allemands se replient sur Grenoble. (...) A l'hôtel Revollet de Saint-Nizier, Jean et Michel Prévost fêtent, avec quelques officiers, cette éphémère victoire. On est le 13 juin 1944. Jour exact de l'anniversaire de Jean Prévost.

    Le 15 au matin, la bataille reprend. Ou plutôt la guérilla. Jour après jour, l'ennemi gagne du terrain. Goderville sait qu'il ne doit pas compter sur l'aide alliée, que le Vercors se bat seul, et qu'il lui faut en outre trouver la force de galvaniser ses hommes. (...) Quand tombent la nuit et la désillusion, à l'insu de la troupe, l'athlète sort de son sac tyrolien sa vieille machine à écrire, tape quelques pages de son essai sur Baudelaire, et s'endort en relisant les Essais de Montaigne dans l'édition de La Pléiade, tordue et fripée par l'effort, qui ne quitte pas la poche de sa vareuse.

    La dernière fois que Michel voit son père, c'est à Méaudre, le 14 juillet 1944. Tandis que Jean Prévost part installer son P.C à la ferme d'Herbouilly, son fils rejoint la compagnie Brisac, où il s'illustrera dans la forêt de Coulmes en sauvant un lieutenant blessé - il sera, à la Libération, l'un des plus jeunes titulaires de la Croix de Guerre. Quinze jours plus tard, on lui annonce que le capitaine Goderville et quatre de ses compagnons sont tombés sous la mitraille nazie, au pont Charvet. Le corps criblé de balles, le visage méconnaissable, l'auteur de La terre est aux hommes gît, à quarante-trois ans, dans le lit rocailleux d'un torrent.

    Les derniers jours de Jean Prévost

    (Sources : mappy.com ; Pour Jean Prévost - Jérôme Garcin)

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  • Le 14 août 1944, un groupe d'Allemands et de miliciens fait irruption au 153 cours Berriat, dans le café de Rose Sirvin (ci-dessous). 

     

    Ils alignent les habitants sur le trottoir pour obtenir des renseignements et repartent. Vers 17 heures, ils reviennent avec vingt maquisards enlevés à leur famille et les fusillent, en représailles à l'assassinat de deux soldats allemands par deux Résistants. (Ci dessous : le "recto" et le "verso" de la fontaine qui leur rend hommage, au square des Fusillés.) 

     

     

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  • (Témoignage de Robert Favier)

    "Dans les premiers jours de mai 1944, arriva le moment où il fallut envisager d'allouer une certaine somme d'argent à chacun des membres de nos Groupes Francs qui, pour la plupart, ne possédaient plus aucun moyen d'existence. Le commandant Nal me dit qu'il avait fixé le montant de cette indemnité à 1.500 Francs par mois et par homme. Je lui répondis qu'en ce qui concernait les Groupes Francs de l'extérieur de Grenoble, j'étais parfaitement d'accord, mais que je voulais le double pour ceux de la ville et de l'agglomération grenobloise. Etonné, il me demanda la raison d'une telle exigence : je lui fis remarquer que, contrairement aux Groupes Francs opérant dans le département et qui, vivant en groupes, pouvaient effectuer des coups de main pour leur ravitaillement, et étaient pour la plupart du temps aidés par la population rurale, les hommes des groupes  dont l'activité se déroulait à l'intérieur de l'agglomération, vivaient eux une toute autre existence.

    En effet, ils ne devaient prendre aucune habitude, ne faire jamais aucune confidence à qui que ce soit, changer fréquemment de restaurant et de chambre, ainsi que de tenue vestimentaire, et même de vélo. Heureusement, il était possible de les munir de tickets d'alimentation en quantité suffisante.

    En résumé, ils menaient une véritable vie d'animal traqué, jouant continuellement à cache-cache avec les Allemands et leurs complices : le moindre relâchement pouvait avoir de graves conséquences. Nal reconnut qu'il n'avait pas songé à tout cela, et qu'effectivement, il existait une formidable différence de situation entre ces divers groupes, et me donna son accord.

    Il n'était pas question, bien sûr, pour les hommes des Groupes Francs ville, de tendres des embuscades aux Allemands. Il n'était pas question non plus de les abattre individuellement, ce qui déclencherait obligatoirement des représailles contre la population (au mieux, la déportation ; au pire l'exécution d'un nombre indéterminé de personnes).

    C'est d'ailleurs à la suite d'un attentat perpétré contre deux soldats allemands, qui furent abattus en fin de matinée le 11 août 1944 cours Berriat, près de la rue Ampère que : d'une part l'occupant prit la décision d'exécuter 20 jeunes gens arrêtés précédemment au Vercors et d'autre part, de faire évacuer tous les immeubles situés entre le Drac et la voie ferrée (ce qui concernait environ 35.000 habitants), et de tout faire sauter.

    Paie des hommes des Groupes Francs

    Les missions des Groupes Francs ville s'accomplissaient à deux, rarement trois hommes, et quelquefois même un seul sauf, bien entendu, lors d'opérations consistant à s'emparer de ravitaillement destiné au maquis. Dans la plupart des cas, il s'agissait de capturer des camions de transport dont le départ et l'itinéraire m'étaient signalés (...).

     

     

    (Sources : mappy.com ; Flashes sur la Résistance en Isère - Robert Favier)

     

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  • 1/ Domène

    Les plaques commémoratives en Isère

    Les plaques commémoratives en Isère

    2/ Echirolles

    Les monuments et plaques commémoratifs en Isère

    3/ Eybens

    Les plaques commémoratives en Isère

    4/ Fort du Mûrier

    Les monuments et plaques commémoratifs en Isère

    Les monuments et plaques commémoratifs en Isère

    Les monuments commémoratifs en Isère (communes de A à P)

    5/ Gières

    Les plaques et monuments commémoratifs en Isère (hors Grenoble)

    Les monuments et plaques commémoratifs en Isère

    Les plaques et monuments commémoratifs en Isère (hors Grenoble)

     

    Les monuments commémoratifs en Isère (communes de A à P)

    6/ Pont-de-Claix

    Les monuments commémmoratifs en Isère 

    Les monuments commémoratifs en Isère, de A à R

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  • La guerre proprement dite, Grenoble va la vivre à trois reprises avant l'armistice :

    - La première fois, l'action se situe (...) en Norvège : aafin de couper l'approvisionnement en fer suédois de l'Allemagne, les alliés franco-britanniques organisent une expédition contre le port de Narvik par lequel s'exporte le minerai. Les Français décident de prélever 5.000 hommes sur l'Armée des Alpes pour constituer le corps expéditionnaire. Dans ce cadre, le colonel Béthouart, chargé de l'opération, fait appel à une troupe d'élite : le 6ème bataillon de chasseurs alpins, stationné à Grenoble. La bataille se déroule du 27 au 29 mai 1940 et se conclut par la prise de Narvik. Cette victoire militaire est incontestable : elle a coûté 250 morts et plus de 500 blessés, mais l'opération s'avère inutile car, entretemps, l'armée allemande a entamé le pilonnage de Dunkerque (...). Quand, le 10 juin, la Norvège capitule, les troupes de Béthouart ont déjà rembarqué,

    - Le deuxième épisode est la conséquence de l'entrée en guerre de l'Italie le 11 juin 1940. Un front s'étend alors de Menton à la frontière suisse. Dans le département, l'hostilité à l'égard de la population italienne est manifeste ; des centaines de suspects sont arrêtés. Le sentiment que "la soeur latine" a trahi prédomine. Le front résiste bien malgré des batailles intenses en Haute-Maurienne et près de Briançon. Les troupes de Mussolini ne défileront pas à Grenoble,

    L'entrée en guerre de Grenoble

    - Le troisième moment héroïque se situe, lui, à seulement quelques kilomètres de la ville, sur le territoire même du département. L'effondrement des armées françaises ouvre toutes les voies du sud aux troupes allemandes. Celles-ci cherchent à occuper le plus de terrain possible avant un armistice annoncé dès le 17 juin par le maréchal Pétain, nouveau président du Conseil. Le 23 juin, alors que l'armistice est signé à Rethondes - mais il n'est pas encore effectif tant que celui avec l'Italie n'est pas conclu - une division de blindés allemands se présente sur la route de Lyon. Son objectif est la prise de Grenoble et la maîtrise des vallées du nord des Alpes afin d'accélérer le démembrement du front où les Italiens piétinent. Le 23 au matin, les troupes allemandes s'avancent vers le goulet de Voreppe, point de contact entre le Vercors et la Chartreuse. Le verrou est redoutable. Après deux assauts et un duel d'artillerie particulièrement intense, les Allemands se retirent dans la nuit du 25. Leurs pertes sont importantes. Pendant ce temps, l'armistice est entré en vigueur. Qu'importe, l'ennemi n'est pas passé, grâce aux succès des armes françaises, et Voreppe constitue certainement l'une des rares victoires de la campagne de 1940.

    L'entrée en guerre de Grenoble

    Quand s'achèvent les combats, Grenoble et l'Isère connaissent le soulagement commun à toute une population soucieuse de rentrer chez elle et du retour des 1.300.000 prisonniers, dont très exactement 11.852 pour l'Isère, selon Le Petit Dauphinois. L'autre soulagement est de savoir que la région ne sera pas occupée par une armée étrangère. En zone sud, elle est loin de la ligne de démarcation Surtout, l'Italien a vu ses prétentions très réduites. Certes, le Dauphiné, contrairement à la Corse, Nice et la Savoie, ne fait pas partie des prétentions du royaume d'Italie mais le risque existait à l'été 1940 de voir une ligne de démarcation courir le long du Rhône.

    Enfin, l'épopée de Narvik, la résistance des Alpes et la bataille de Voreppe apportent une légitime fierté et un agréable sentiment d'impunité au milieu des décombres.

    (Sources : Les six miliciens de Grenoble - Pascal Cauchy ; Mappy.com)

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