• L'opération Bettina

     

    Le 21 juillet 1944, la Wehrmacht, sous l'autorité du général Karl Pflaum, lance l'opération Bettina. Plusieurs milliers d'hommes sont lancés à l'assaut du Vercors. Ce nombre est de l'ordre du total de la population du massif du Vercors additionnée de celle des maquisards. Décidée finalement le 8 juillet par le commandant allemand pour le Sud de la France, Bettina sera la plus importante opération menée par la Wehrmacht contre un maquis en Europe occidentale. Elle s'engage le lendemain de l'attentat raté contre Hitler (20 juillet), ce qui ne sera pas sans effet sur les comportements des troupes allemandes.

    Alerté le 20 juillet, l'état-major du Vercors lance un appel à la population :

    - Il est possible que le Vercors soit attaqué demain matin de bonne heure. C'est pourquoi l'autorité militaire a proclamé l'état de siège. Le commandant militaire du Vercors demande à la population d'observer partout le plus grand calme et d'obéir strictement aux instructions qui lui seront transmises par les maires. Les femmes et les enfants devront quitter le plus tôt possible les agglomérations et s'installer momentanément dans les fermes et les bois isolés où elles risqueront peu de choses de la part de l'aviation. La lutte entreprise est une lutte de la France contre l'Allemagne qui l'opprime depuis trop de mois, une lutte pour la liberté. Le commandant militaire du Vercors est sûr que la population, par son calme, son dévouement, et la dignité de son attitude fera honneur aux combattants qui sont décidés à mourir pour que la France vive.

    VERCORS, le 20 juillet 1944

    Le chef d'escadron HERVIEUX commandant le Vercors."

    Au petit matin du 21 juillet, une vingtaine de planeurs et 210 parachutistes d'élite partis de Lyon-Bron et de Chabeuil atterrissent sur Vassieux. Quatre bataillons de Gebirgsjäger (1), deux bataillons de grenadiers, un corps d'artillerie et une escadrille de la Luftwaffe spécialisée dans la lutte contre les maquis, s'élancent depuis Grenoble, Crest et la vallée du Royans. Tous les accès au plateau sont immédiatement bloqués. Cette nuit-là, Chavant (2) envoie ce télégramme à Londres, qui fournira la base des polémiques futures sur la présumée "trahison" du Vercors :

    "Moral de la population excellent, mais se retournera rapidement contre vous, si vous ne prenez pas de dispositions immédiates, et nous serons d'accord avec eux pour dire que ceux qui sont à Londres et à Alger n'ont rien compris à la situation dans laquelle nous nous trouvons et sont considérés comme des criminels et des lâches. Je répète : des criminels et des lâches."

    Les contre-attaques lancées par les Résistants sont vives mais elles échouent, même si le mauvais temps, l'après-midi du 21 et le 22 juillet, ralentit l'invasion allemande du Vercors sud. Le 23 juillet, le beau temps revenu, Vassieux voit atterrir vingt planeurs supplémentaires chargés de légionnaires recrutés à l'Est [ceux que l'on surnommera les Mongols], ainsi que deux superplaneurs Gotha 242, qui amènent ravitaillement et artillerie.

    L'opération Bettina

    Pourquoi Vassieux ? C'est là que, depuis de longues semaines, la Résistance, aidée par une mission alliée ainsi que par les habitants, s'acharnent à mettre au point des pistes d'atterrissage. C'est l'un des accès au massif du Vercors depuis le Diois. Il semble également que les Allemands aient pensé que Vassieux abritait le commandement suprême de la Résistance et des forces considérables. Pendant trois jours, les combats font rage. Résistants et habitants des hameaux sont indistinctement massacrés et torturés. De Vassieux, il ne restera que des décombres fumants. Errant dans les ruines dans les jours qui suivront l'assaut, l'abbé Gagnol découvrira les corps aux membres arrachés, les pendus, les décapités, des êtres humains découpés à la scie à bande, des habitants brûlés vif au lance-flammes après qu'on les ait repoussés dans leurs fermes incendiées, et la petite Arlette Blanc découverte après plusieurs jours passés sous les cadavres des siens, qui devait mourir peu de temps après avoir été trouvée. L'on mettra longtemps à décompter les quelque 180 morts, dont 73 Vassivains.

    Le sort de l'hôpital du maquis se joue quelques heures après l'invasion de Vassieux, dans la nuit du 21 au 22 juillet. L'état-major donne l'ordre de replier l'hôpital du maquis sur Die. Deux camions et une voiture particulière embarquent 122 blessés, les malades et le personnel. Le convoi rejoint Die au petit matin.

    L'opération Bettina

    Mais la mère supérieure de l'hôpital de Die signale l'arrivée imminente des Allemands. Devant ce danger, le docteur Ganimède décide de remonter sur le massif. Les blessés les moins atteints sont évacués. Les autres se rendent à Saint-Agnan, sous le porche d'entrée de la grotte de la Luire, une exsurgence dont le lit pierreux est souvent à sec.

    La Luire, crime de guerre

    Les jours suivants, après avoir fait partir un groupe de blessés qui peuvent se déplacer avec des béquilles, il ne restera que moins de la moitié du groupe initial : quarante-cinq blessés intransportables dont une trentaine de maquisards, parmi lesquels quatre soldats polonais portant l'uniforme de la Wehrmacht. Treize personnes constituent l'encadrement parmi lesquels trois médecins, sept infirmières et l'aumônier jésuite, Yves Moreau de Montcheuil. Un drap blanc à croix rouge est déployé à l'entrée du porche.

    (A suivre...)

     

    (1) : l'équivalent allemand des Chasseurs Alpins

    (2) : Eugène Chavant, chef civil du Vercors

    (Sources : mappy.com ; Le Vercors oublié : la résistance des habitants de Saint-Martin (1942-1945), Francis Ginsbourger)

     

    Yahoo!

    Tags Tags : , , , , , , , , , , , ,
  • Commentaires

    1
    Joseph Frenchfrie
    Jeudi 15 Avril 2021 à 19:10
    Ljub ? Il est boooon !
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :