• Ce lundi 19 octobre 2015 eut lieu au cinéma Pathé Chavant (à Grenoble) une projection en avant-première du documentaire de Pierre Catalan et Serge Viallet : 1944 - Dans le maquis du Vercors

    Ce documentaire fait partie de la série documentaire "Mystères d'archives", diffusée sur Arte (saison 4).

    "En juin 1944, alors que la France est occupée, Félix Forestier, cameraman professionnel, est envoyé depuis Paris pour filmer la Résistance dans le maquis du Vercors. Il arrive sur place quelques jours après que les forces alliées commencent à débarquer en Normandie. Sur le plateau du Vercors souffle un vent de liberté. Le 3 juillet, civils et combattants vont défier l’ennemi en proclamant le retour de la « République Française ». Ces images de la Résistance dans le maquis du Vercors, uniques dans leur genre ont, plus tard, été égarées, puis oubliées. Elles n’ont été retrouvées qu’en 2013."

    Si ce documentaire vous intéresse, il sera diffusé sur Arte le lundi 2 novembre 2015, à 17h35.

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    Jean Prévost et le maquis du Vercors

     Le 6 juin 1944, le général de Gaulle termine une allocution par ces mots : "La bataille suprême est engagée...Les consignes données par le gouvernement français et les chefs français qu'il a qualifiés pour le faire, doivent être exactement suivis." Pour le Vercors, c'est la mise en oeuvre du "plan montagnards".

    Avec l'arrivée importante de nouvelles recrues, de nouvelles unités sont créées en différents points. Ce sont de petites unités de 60 à 100 hommes constituant des camps répertoriés, soit 3.000 hommes regroupés sur le plateau du Vercors.

    La mobilisation du Vercors fait suite à la mobilisation de tous les maquis de France (probablement une erreur, car il aurait fallu mobiliser les maquis en fonction des priorités et ne pas les exposer, sans soutien logistique conséquent). Mal armé, il n'est pas assez structuré pour une telle bataille. Le Vercors ignore que l'idée fondamentale des Alliés est de fournir un minimum d'armes pour ce maquis, afin d'assurer l'armement nécessaire aux combats des plages du littoral.

    A la suite du débarquement allié, Chavant décide de vérrouiller les accès les plus accessibles du Vercors. Il barre l'entrée qui va des Trois Pucelles aux gorges d'Engins, soit 4 km de distance. (...) Le ravitaillement est fourni par les agriculteurs : le Vercors doit vivre en autarcie totale. Le colonel Descours envoie d'urgence des demandes de matériel et d'essence à Alger. Jacques Soustelle, chef de la Direction Générale des Services Spéciaux, prend connaissance de ces messages : il demande, le 10 juin, aux FFI, de "freiner au maximum l'activité de guérilla".

    (...)

    Le 13 juin, les Allemands attaquent vers Saint-Nizier. De très violents combats mettent aux prises environ 400 hommes de part et d'autre. Ce premier jour, grâce au renfort du 6ème BCA, les ennemis sont repoussés. Mais la Wehrmacht va tirer la leçon de son échec.

    Le 15 juin, grâce à des miliciens infiltrés tirant à la mitraillette derrière les lignes de partisans, les Allemands avancent jusqu'à Saint-Nizier, en brûlant toutes les fermes et en achevant tous les blessés, les enterrant ou les brûlant sur place.

    (...)

    Le capitaine Tournissa est missionné par Jacques Soustelle pour aménager le terrain d'atterrissage  et préparer des liaisons radio avec les appareils alliés. Ainsi, Tournissa indique à Alger qu'un terrain de 1.050 mètres sur 140 pourra être utilisé dans la deuxième quinzaine de juillet. En découvrant l'aménagement électrique du terrain et certains travaux, les Allemands savent désormais qu'un atterrissage peut avoir lieu.

    Le 29 juin, un groupe appelé Eucalyptus est parachuté avec à sa tête, le lieutenant américain Paray. Il a pour mission de préparer les actions de guérilla et de sabotage dans les lignes de communication, de renseigner le commandement allié sur les forces militaires du Vercors, de la Drôme et de l'Isère, et sur la possibilité d'un débarquement aéroporté. Venu au Vercors, Yves Farges, commissaire de la République pour Rhône-Alpes, s'installe dans la mairie de La-Chapelle-en-Vercors. Là, il confirme l'existence de la "République française restaurée".

    La date du 14 juillet est choisie pour le parachutage par les Alliés, d'armes de toutes natures. Prévenus et irrités par ce parachutage, les Allemands envoient immédiatement leurs chasseurs bombarder le terrain. Les hommes requis parviennent à ramasser les armes parachutées. Toutes les lignes téléphoniques sont coupées et le plateau est privé de toute liaison extérieure.

    Des troupes allemandes arrivent à Grenoble le 17 juillet : il s'agit de la 157ème division d'infanterie de montagne et de la 9ème Panzer Division blindée : une attaque se prépare. La première des unités doit déloger de tous leurs sites les patriotes. La 9ème Division a pour mission de les exterminer dans la plaine où ils devront nécessairement se replier. 

    Le 21, l'attaque massive des Allemands sur le terrain de Vassieux (Drôme) marque le déclenchement de combats violents et sans relâche, qui dureront une dizaine de jours. Ce même jour, Jacques Descour est tué d'une balle dans la tête.

    Le 22, Chavant envoie ce message à Alger :

    La Chapelle, Vassieux, Saint-Martin bombardés par l'aviation allemande ; troupes ennemies parachutées sur Vassieux ; demandons bombardements immédiats ; temps écoulé depuis la mise en place de notre organisation : 6 semaines ; demandons ravitaillement en hommes, vivres, matériel ; moral de la population excellent, mais se retournera contre vous si vous ne prenez pas dispositions immédiates, et nous serons d'accord avec eux pour dire que ceux qui sont à Londres et Alger n'ont rien compris à la situation dans laquelle nous nous trouvons et sont considérés comme des criminels et des lâches. Nous disons bien criminels et lâches".

    A la réception de ce message, Jacques Soustelle ordonne l'envoi d'un commando au Vercors.

    A Vassieux, les ennemis sont attaqués mais les tentatives sont repoussées : les assaillants atteignent les premières maisons du village. Le 25 juillet, à La-Chapelle-en-Vercors (Drôme), les trois-quarts des maisons de village sont incendiées. Allemands et Autrichiens totalement ivres décident de tuer tous les jeunes hommes de la commune. Monsieur le curé Pitavy tente d'intervenir plusieurs fois, mais il n'est pas entendu par les officiers, occupés à leur beuverie. Mais sans son intervention, les Allemands auraient fait brûler la totalité de la population, comme à Oradour-sur-Glane.

    Le général Pflaum, commandant en chef allemand de la région sud de la France, ordonne à ses troupes d'anéantir tout ce qui peut rester du maquis, matériel et ravitaillement. Il parle, dans sa déclaration, de "ratissage" et donne un délai de 7 jours. Les maisons ayant hébergé des terroristes seront incendiées, les bovins et les porcs ne seront laissés aux habitants que dans la mesure de leurs besoins, afin d'éviter d'approvisionner d'autres personnes n'appartenant pas à la famille (l'armée allemande, elle, ayant le droit de se servir).

    Le 28 juillet, des fermes sont incendiées dans la forêt de Lente. 

    Les 29 et 30 juillet, un peu partout dans le massif, des Français sont interceptés et fusillés de la même façon que la veille : ainsi, un témoin a vu dans la forêt de Lente deux hommes pendus par les pieds, qui ont mis plusieurs jours à mourir. Malgré tous ces massacres, l'état-major allié n'a aucune réaction.

    Le 1er août, 5 hommes tentent de sortir du Vercors pour rejoindre Sassenage, puis le maquis de l'Oisans. En sortant des gorges d'Engins, au pont Charvet, ils sont abattus par des tireurs allemands postés. Parmi eux : l'écrivain Jean Prévost. Fin connaisseur de l'épopée napoléonienne, il avait publié une étude critique sur le mémorial de Sainte-Hélène. Sa vive déception à l'issue de la débâcle l'avait décidé à rejoindre le Vercors, où il participa à l'élaboration du "plan montagnards". Il avait 43 ans.

     

    (Source : Le Livre d'or de la Résistance)

     

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  • Yvan Gastaut, Maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Nice Sophia-Antipolis, évoque la représentation des immigrés italiens en Isère, notamment durant la période qui nous intéresse.

    (...) En 1931, subissant les effets de la crise économique, les établissements de tissage de soie Mesnard, situés à Bourgoin, qui emploie 150 ouvriers dont une majorité d'Italiens, essuie une grève des ouvriers français, excédés par l'omniprésence des immigrés. Les étudiants se plaignent également : en janvier 1935, ils se mettent en grève pour protester contre la concurrence des étudiants italiens qui obtiennent des diplômes français.

    Il est vrai que la peur du fascisme et des revendications territoriales sur les Alpes françaises s'exprime, bien que Mussolini convoite la Savoie et non le Dauphiné. L'opinion iséroise demande de la fermeté face au Duce et s'inquiète de la présence d'espions ou de provocateurs dans leur entourage à mesure que les tensions diplomatiques s'exacerbent. Certes, la presse, tout en se montrant déterminée, invite à ne pas céder à l'amalgame, comme La République de l'Isère, en 1939 : "les Italiens résidant en France affirment depuis quelques temps leur volonté de ne pas permettre qu'une guerre fratricide mette aux prises les deux pays latins." Mais avec l'entrée en guerre de l'Italie aux côtés de l'Allemagne, la situation s'aggrave. Les Italiens sont invités à se présenter dans les commissariats afin de rédiger une déclaration de fidélité à la France, qui craint les traîtres.

    (...) L'Isère se trouvant dans la zone d'influence définie par les accords Roatta-Von Stülpnagel du 29 juin 1940, l'occupation effective de Grenoble commence le 12 novembre 1942 avec l'apparition des premiers "motocyclistes italiens" et des premiers soldats en tenue gris-vert, place de la gare. Au cours de ces années difficiles, les Italiens du département de l'Isère ne vont plus au bistrot le soir, après le travail. Les familles n'osent plus sortir pour éviter d'essuyer des insultes du type "sales macaronis". Plusieurs centaines d'Italiens décident même de quitter le département (...).

    Signe d'un climat de tension, le 30 août 1940, un vieillard coratin est exclu d'un café, puis arrêté par les gendarmes sous le prétexte que les Italiens n'ont pas à parler leur langue dans les locaux publics. (...) Des insultes sont attestées dans plusieurs rapports de police, tel celui du 13 octobre 1940 concernant un incident au hameau de la Bautière entre bûcherons italiens et jeunes français, ou celui du 27 janvier 1943 dans un incident entre femmes grenobloises et officiers italiens. Nombreux sont également les attentats d'intensité variable contre des bars ou des cordonneries tenus par des Italiens. Et un camp d'internement est établi à la hâte en 1940 dans le parc Bachelard à Grenoble où sont rapidement internés 800 Italiens suspects.

    Pourtant, nombreux ont été les Italiens à avoir pris une part active à la Résistance à Grenoble, mais aussi dans le maquis du Vercors, notamment dans la Main-d'Oeuvre Immigrée (MOI), structurée par le parti communiste, puis au sein de la lutte armée dans les Francs-Tireurs partisans (FTP-MOI).

    Avec la Libération, les animosités perdurent encore quelques années à l'instar des autres régions ayant eu à subir l'occupation italienne. L'Italien de l'isère est toujours victime du stéréotype du "macaroni" mais celui-ci perd peu à peu de son poids.

    (...)

     

     (Source : Un Air d'Italie : La présence italienne en Isère - Collection du Musée Dauphinois)

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  • 13/ Parvis des Droits de l'Homme :

    Grenoble et les plaques commémoratives 

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    14/ Jardin des Dauphins :

    Grenoble et les plaques commémoratives

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    15/ Rue Joseph-Fourier :

    Grenoble et les plaques commémoratives (suite)

    Grenoble et les plaques commémoratives (suite)

     

     

    (A suivre...)

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  • Juillet 1940 :

    Dès les premières semaines suivant l'armistice, Pétain, chef du nouvel état français de Vichy, et Pierre Laval, son second, définissent leur projet avant tout par l'exclusion et le début des persécutions de catégories décrites comme "l'Anti-France", qui seraient responsables de la défaite et de ses conséquences. Ainsi, entre mi-juillet et début octobre, plusieurs textes de loi enlèvent leur nationalité aux étrangers naturalisés après 1927 (16 juillet), interdisent la franc-maçonnerie (30 août) et placent les Français juifs dans un statut de sous-citoyen (3 octobre). Quant aux communistes connus, ils sont arrêtés et emprisonnés sans jugement, comme à Fort Barraux (près de Pontcharra), qui devient un camp d'internement. Si elles n'entraînent pas de réaction massive dans la population empêtrée dans ses problèmes, matériels de ravitaillement et les incertitudes sur le sort des prisonniers de guerre (...), ces mesures qui distinguent les Français en fonction de leur origine ou de leurs opinions sont contraires à toute tradition républicaine et reviennent même sur les acquis de 1789.

    Gaston Valois et l'été 1940

    Cet été 1940 est déjà pour les élus locaux le temps des choix décisifs et publics. Cette période est marquée par les premiers refus, en particulier dans les milieux politisés et intellectuels. Gaston Valois est de ceux-là. Anti-communiste notoire avant-guerre, il refuse fin juillet de donner une liste des membres du parti sur sa commune. Lors du conseil municipal qui suit, il recouvre le buste de Marianne d'un crêpe noir.

    (...)

    Septembre 1940 :

    Le 20 septembre, Gaston Valois adresse sa démission au préfet, la confirme en novembre, prétextant l'impossibilité de gérer convenablement le ravitaillement et des dissensions avec les agriculteurs. En fait, quand il annonce sa démission au conseil municipal, il précise qu'il ne veut pas en discuter les raisons. Il quittera effectivement le conseil début 1941, en même temps que les maires qui ont été démis de leurs fonctions et remplacés par des maires désignés par le préfet.

    Valois a choisi de démissionner avant d'être démis. (...) Fidèle à son caractère franc et entier et même un brin provocateur, Valois déteste le nouveau régime et le fait savoir. Il est déjà un dissident ; il va devenir un résistant.

     

    (Sources : mappy.com ; Gaston Valois : La République à en mourir - Gil Emprin)

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