• Au printemps 1943, René Gosse s'emploie à unifier  au sein de MUR (Mouvements Unis de la Résistance). Il a un rôle d'ami, de confident auprès des résistants, doublé d'une action de direction  et de coordination.

    Il met en relation Pierre Dalloz avec le Résistant Yves Farge à propos de l'utilisation militaire du Vercors ; ce "Plan Montagnards" est soutenu par Jean Moulin et le général Delestraint. Il réfléchit également à l'après-guerre avec des rapports sur l'administration ou l'économie qu'il envoie à Londres et à Alger. Il considère qu'une économie dirigiste devra s'imposer, surtout face aux profiteurs de guerre. De nouveaux cadres ou administrateurs économiques provenant des classes populaires seront alors nécessaires.

    La loi promulguant le Service du Travail Obligatoire du 16 février 1943 crée dans les Alpes françaises du Nord le refus des jeunes gens de partir en Allemagne. René Gosse déconseille alors à ses étudiants de quitter le pays et s'efforce de leur trouver des moyens matériels pour survivre avec le concours d'industriels ou de riches réfugiés. Le doyen aide également les jeunes gens de l'organisation Jeunesse et Montagne à échapper au STO : ils sont pourvus grâce à lui en argent et en abris.

    Les nombreux attentats perpétrés par les gens du maquis au cours de l'année 1943, et particulièrement à l'automne suite à l'arrivée des Allemands, l'inquiètent. René Gosse craint les fausses accusations, les règlements de compte : il critique la BBC pour ses accusations publiques, à son goût jugées trop légères, contre certains Français considérés comme douteux ou traîtres : il ne veut pas de "martyrs". L'état d'esprit de raidit ; il devient de plus en plus nerveux à la fin de l'année 1943.

     

    (Source : René Gosse, l'âme de la Résistance - François Boulet)

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  • Eloignons-nous une nouvelle fois de l'Isère pour aller faire un tour à l'autre bout de la France, en Normandie.

    A l'occasion d'un séjour à Caen, j'ai pu prendre quelques photos de Sword Beach, à Ouistreham : en voici quelques unes.

    La Flamme :

    Débarquement du 6 juin 1944

    Ce monument est situé sur la plage de Riva Bella : elle est l'œuvre d'Yvonne Guégan et rend hommages aux 177 hommes du Commandant Kieffer, premiers Français à débarquer en terre occupée.

    La plage de Sword, en arrière-plan :

    Débarquement du 6 juin 1944

     

    Le joueur de cornemuse Bill Millin :

    Débarquement du 6 juin 1944

    Il était le joueur de cornemuse personnel de Lord Lovat, le Général du commando britannique ayant débarqué avec le Commandant Kieffer.

    Lord Lovat :

    Débarquement du 6 juin 1944

     

    Les cabines typiquement normandes (on distingue sur la gauche le dispositif anti-chars) :

    Débarquement du 6 juin 1944

    L'arbre de la Liberté :

    Débarquement du 6 juin 1944

    En 2014, un arbre en métal a été planté à proximité du lieu des célébrations du Débarquement : il est l'œuvre de l'artiste Hervé Mazzelin et réalisé par des apprentis et des lycéens de Basse-Normandie. Sur chaque feuille, un témoignage de vétérans.

    Débarquement du 6 juin 1944

    Débarquement du 6 juin 1944

     

    En bout de plage, le port (une compagnie de ferries assure une liaison avec Portsmouth, en hommage au Débarquement) :

    Débarquement du 6 juin 1944

     

    Monument du D-Day (avec quelques données chiffrées) et une stèle pentagonale avec le célèbre discours de Churchill :

    Débarquement du 6 juin 1944

    Débarquement du 6 juin 1944

     

    L'avenue de la Mer :

    Débarquement du 6 juin 1944

    Avec, en suspension sur chaque lampadaire, des portraits de militaires ayant joué un rôle lors du Débarquement.

    Le musée "n° 4 Commando" :

    Débarquement du 6 juin 1944

    Quelques Francs de l'époque.

    Débarquement du 6 juin 1944

     

     

     

     

     

     

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  • Le Musée de la Résistance et de la Déportation de Grenoble organise une exposition consacrée à l'interdiction des bals populaires ayant eu lieu entre mai 1940 et avril 1945.

    Selon le pouvoir pétainiste, les bals portaient atteinte aux bonnes mœurs et pervertissaient les Français. Cela n'empêchait pas la jeunesse de transgresser cette loi : des bals clandestins furent organisés, principalement dans le monde rural.

    Ci-dessous, quelques photos de cette exposition :

    Vous n'irez plus danser !

     

    Le précieux sésame : le jeton de danse 

    Vous n'irez plus danser !

     

    Pétain et sa vision de la jeunesse française

    Vous n'irez plus danser !

     

    Une caisse claire avec ses balais et un pick-up

    Vous n'irez plus danser !

    La gendarmerie était chargée de mettre fin à ces bals : soit en essayant de débusquer les sons de l'accordéon à l'intérieur des granges, soit en tenant compte de la rumeur et des lettres de dénonciation. Elle visait plus particulièrement les organisateurs et les musiciens.

    Une fois le procès-verbal dressé, l'affaire était traitée par le tribunal de police : la condamnation maximale était de 200 Francs d'amende et trois jours d'emprisonnement. Les propriétaires de cafés et d'hôtels pouvaient faire l'objet d'une fermeture administrative. En cas de récidive, la peine pouvait être l'internement.

     

     

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  •  J'effectue une légère entorse à ce blog, car une partie du Vercors est située dans la Drôme, le département voisin, et qu'il m'est difficile de ne pas l'évoquer quand on aborde la Résistance dans le département de l'Isère.

    J'ai donc décidé de commencer une série d'articles consacrés à des événements s'étant déroulés dans ce massif, qu'ils aient eu lieu en Isère ou dans la Drôme.

    Bonne lecture.

     

    Le commandement de la Résistance du Vercors ignore que la Wehrmacht envisage depuis de longues semaines - probablement depuis le mois de mars - une attaque du Vercors.

    Berlin en aurait donné l'ordre début mai, lequel aurait été reporté à une date ultérieure. Depuis Grenoble, le général Pflaum, ayant fait le constat de la puissance de la Résistance et d'une nécessité de renforts en hommes, aurait jugé nécessaire de différer l'attaque afin de mieux la préparer. Et ça n'est finalement que le 8 juin, le jour où la tristement célèbre division Das Reich entreprend le périple qui la mènera à Oradour-sur-Glane, que le haut-commandement Ouest pour le Sud de la France, adresse à ses unités l'ordre suivant :

    " [...] mener des actions de grande ampleur contre les bandes opérant dans le Sud de la France, et le faire avec la plus extrême vigueur et sans ménagement. Les foyers d'agitation persistants doivent être définitivement éteints [...]. Dans ce genre d'opération, un demi-succès ne sert à rien. Il faut écraser les forces de résistance au moyen d'attaques rapides et enveloppantes. Pour le rétablissement de l'ordre et de la sécurité, les mesures les plus énergiques devront être prises afin d'effrayer les habitants de cette région infestée, à qui il faudra faire passer le goût d'accueillir les groupes de Résistance [...]. Cela servira en outre d'avertissement à toute la population [...]. En ce moment critique, il faut être d'une rigueur impitoyable."

    Ce même 8 juin 1944, le président américain Eisenhower, à l'incitation pressante des autorités de la France libre, a demandé à l'Allemagne de traiter les résistants français comme des combattants bénéficiant du statut prévu par la convention de Genève. Il lui est répondu :

    "Le commandement suprême de la Wehrmacht a décidé que les membres de la Résistance française doivent être traités comme des irréguliers. Les résistants et la population qui les soutient seront donc traités de la même façon : comme des Terrorbanden, des bandes de terroristes."

    (...)

    La première attaque allemande se produit au matin du 13 juin, à Saint-Nizier-du-Moucherotte. Paul Brisac (1), alias "Belmont" et Jean Prévost, alias "Goderville", rejoints par le commandant Huet (2) puis par la compagnie d'Abel Chabal, sont à la manœuvre.

    Saint-Nizier : la brèche

    La compagnie Brisac, c'était d'abord, écrira Paul Brisac, une quarantaine de "mergers" - employés de l'entreprise Merlin-Gerin -, le "noyau dur" auquel s'adjoindront, à l'extérieur de l'entreprise, les recrues d'André Paccalet, qui deviendra le second de Brisac. Le 9 juin 1944, ce dernier a reçu le message : "Ordre n° 1 - 8 juin minuit - Mobilisation immédiate de votre compagnie. Exécution de la mission prévue." Parvenu à Lans-en-Vercors, on l'avertit qu'il disposera au total d'environ 120 à 150 volontaires.

    Saint-Nizier : la brèche

    Les mergers sont "décidés mais disparates, pas entraînés et sans armes." Paccalet dispose quant à lui "d'hommes provenant en grande partie des groupes francs, c'est-à-dire déjà un peu militarisés et dotés d'un armement comportant FM et mitrailleuses." En revanche, les hommes de la section des chasseurs commandés par l'adjudant-chef Chabal sont des éléments d'active qui ont pris le maquis après la dissolution de l'armée : ceux-là sont bien entraînés et bien armés. Quelques armes parachutées arriveront, écrit Brisac, mais :

    "Rien de bien splendide dans le lot d'armements reçus : mitrailleuses Sten en quantité, fusils américains, grenades et c'est tout. A part les mitraillettes, pas d'arme automatique. pour défendre la trouée de Saint-Nizier, point le plus vulnérable d'accès au plateau, c'est maigre."

    Le mardi 13 juin au matin, alerte : "Les Allemands montent." Le premier assaut mobilise quelque 300 maquisards et fera 12 morts parmi eux. Deux jours plus tard, les Résistants seront 600 à attaquer, mais les Allemands trois fois plus. La Résistance parviendra à forcer les positions allemandes - au prix de 9 morts parmi les Résistants, d'autant de victimes civiles, et de nombreux blessés. les Allemands, qui comptent dans leur rang 13 morts et une trentaine de blessés, auront, en partant, pillé et incendié fermes et maisons de Saint-Nizier, en en détruisant 81 sur 93. A court terme et au plan tactique, la Résistance a vaillamment défendu ses positions. Mais au plan stratégique, les faits sont là : Villard-de-Lans et la plaine de Lans sont évacués le 15 juin et la Wehrmacht contrôlent désormais les accès depuis Grenoble.

    Saint-Nizier : la brèche

    Pourquoi l'assaut de Saint-Nizier, pourquoi à ce moment-là ? Probablement, disent généralement les historiens, pour apprécier la capacité militaire de la Résistance française afin de préparer une offensive décisive.

    (A suivre...)

     

     

    (1) : commandant d'une compagnie civile chargée de la défense de Saint-Nizier.

    (2) : chef militaire du maquis du Vercors

     

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  •  

    Le 21 juillet 1944, la Wehrmacht, sous l'autorité du général Karl Pflaum, lance l'opération Bettina. Plusieurs milliers d'hommes sont lancés à l'assaut du Vercors. Ce nombre est de l'ordre du total de la population du massif du Vercors additionnée de celle des maquisards. Décidée finalement le 8 juillet par le commandant allemand pour le Sud de la France, Bettina sera la plus importante opération menée par la Wehrmacht contre un maquis en Europe occidentale. Elle s'engage le lendemain de l'attentat raté contre Hitler (20 juillet), ce qui ne sera pas sans effet sur les comportements des troupes allemandes.

    Alerté le 20 juillet, l'état-major du Vercors lance un appel à la population :

    - Il est possible que le Vercors soit attaqué demain matin de bonne heure. C'est pourquoi l'autorité militaire a proclamé l'état de siège. Le commandant militaire du Vercors demande à la population d'observer partout le plus grand calme et d'obéir strictement aux instructions qui lui seront transmises par les maires. Les femmes et les enfants devront quitter le plus tôt possible les agglomérations et s'installer momentanément dans les fermes et les bois isolés où elles risqueront peu de choses de la part de l'aviation. La lutte entreprise est une lutte de la France contre l'Allemagne qui l'opprime depuis trop de mois, une lutte pour la liberté. Le commandant militaire du Vercors est sûr que la population, par son calme, son dévouement, et la dignité de son attitude fera honneur aux combattants qui sont décidés à mourir pour que la France vive.

    VERCORS, le 20 juillet 1944

    Le chef d'escadron HERVIEUX commandant le Vercors."

    Au petit matin du 21 juillet, une vingtaine de planeurs et 210 parachutistes d'élite partis de Lyon-Bron et de Chabeuil atterrissent sur Vassieux. Quatre bataillons de Gebirgsjäger (1), deux bataillons de grenadiers, un corps d'artillerie et une escadrille de la Luftwaffe spécialisée dans la lutte contre les maquis, s'élancent depuis Grenoble, Crest et la vallée du Royans. Tous les accès au plateau sont immédiatement bloqués. Cette nuit-là, Chavant (2) envoie ce télégramme à Londres, qui fournira la base des polémiques futures sur la présumée "trahison" du Vercors :

    "Moral de la population excellent, mais se retournera rapidement contre vous, si vous ne prenez pas de dispositions immédiates, et nous serons d'accord avec eux pour dire que ceux qui sont à Londres et à Alger n'ont rien compris à la situation dans laquelle nous nous trouvons et sont considérés comme des criminels et des lâches. Je répète : des criminels et des lâches."

    Les contre-attaques lancées par les Résistants sont vives mais elles échouent, même si le mauvais temps, l'après-midi du 21 et le 22 juillet, ralentit l'invasion allemande du Vercors sud. Le 23 juillet, le beau temps revenu, Vassieux voit atterrir vingt planeurs supplémentaires chargés de légionnaires recrutés à l'Est [ceux que l'on surnommera les Mongols], ainsi que deux superplaneurs Gotha 242, qui amènent ravitaillement et artillerie.

    L'opération Bettina

    Pourquoi Vassieux ? C'est là que, depuis de longues semaines, la Résistance, aidée par une mission alliée ainsi que par les habitants, s'acharnent à mettre au point des pistes d'atterrissage. C'est l'un des accès au massif du Vercors depuis le Diois. Il semble également que les Allemands aient pensé que Vassieux abritait le commandement suprême de la Résistance et des forces considérables. Pendant trois jours, les combats font rage. Résistants et habitants des hameaux sont indistinctement massacrés et torturés. De Vassieux, il ne restera que des décombres fumants. Errant dans les ruines dans les jours qui suivront l'assaut, l'abbé Gagnol découvrira les corps aux membres arrachés, les pendus, les décapités, des êtres humains découpés à la scie à bande, des habitants brûlés vif au lance-flammes après qu'on les ait repoussés dans leurs fermes incendiées, et la petite Arlette Blanc découverte après plusieurs jours passés sous les cadavres des siens, qui devait mourir peu de temps après avoir été trouvée. L'on mettra longtemps à décompter les quelque 180 morts, dont 73 Vassivains.

    Le sort de l'hôpital du maquis se joue quelques heures après l'invasion de Vassieux, dans la nuit du 21 au 22 juillet. L'état-major donne l'ordre de replier l'hôpital du maquis sur Die. Deux camions et une voiture particulière embarquent 122 blessés, les malades et le personnel. Le convoi rejoint Die au petit matin.

    L'opération Bettina

    Mais la mère supérieure de l'hôpital de Die signale l'arrivée imminente des Allemands. Devant ce danger, le docteur Ganimède décide de remonter sur le massif. Les blessés les moins atteints sont évacués. Les autres se rendent à Saint-Agnan, sous le porche d'entrée de la grotte de la Luire, une exsurgence dont le lit pierreux est souvent à sec.

    La Luire, crime de guerre

    Les jours suivants, après avoir fait partir un groupe de blessés qui peuvent se déplacer avec des béquilles, il ne restera que moins de la moitié du groupe initial : quarante-cinq blessés intransportables dont une trentaine de maquisards, parmi lesquels quatre soldats polonais portant l'uniforme de la Wehrmacht. Treize personnes constituent l'encadrement parmi lesquels trois médecins, sept infirmières et l'aumônier jésuite, Yves Moreau de Montcheuil. Un drap blanc à croix rouge est déployé à l'entrée du porche.

    (A suivre...)

     

    (1) : l'équivalent allemand des Chasseurs Alpins

    (2) : Eugène Chavant, chef civil du Vercors

    (Sources : mappy.com ; Le Vercors oublié : la résistance des habitants de Saint-Martin (1942-1945), Francis Ginsbourger)

     

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