• Focus sur : Alain Le Ray

    Né à Paris en 1910, le général Alain Le Ray, officier de réserve, entre dans les troupes alpines à partir de 1933. En 1939-1940, il commande la 7ème compagnie du 159ème RIA* en avant de la ligne Maginot et dans l'Aisne, et il est cité avec sa compagnie pour le combat de Brény-sur-Ourcq contre deux bataillons allemands, le 9 juin 1940.

    Blessé, fait prisonnier en Poméranie, il s'évade en janvier 1941. Repris au-delà du Rhin et emprisonné au château de Colditz (Saxe), il parvient à s'en échapper en avril 1941. En février 1943, Pierre Dalloz, après approbation du général Delestraint (chef de l'Armée Secrète), constitue avec le Ray, Yves Farge, Rémy Bayle de Jessé et le commandant Marcel Pourchier, le premier "Comité de combat du Vercors", récemment créé pour permettre à de jeunes Français d'échapper au Service du Travail Obligatoire institué par le gouvernement de Vichy. Ce sera le projet Montagnards, successivement approuvé par Jean Moulin, le général Delestraint et enfin par Londres.

    Dès la fin juin, après les arrestations du général Delestraint et Jean Moulin, Alain Le Ray s'emploie à reconstituer une équipe pour le Vercors. Le second "Comité de combat du Vercors" est créé (l'écrivain Jean Prévost renforce l'équipe en remplacement de Pierre Dalloz qui a rejoint Londres).

    Le lieutenant Le Ray est promu capitaine le 10 septembre 1943, au lendemain même de l'entrée des Allemands dans le Dauphiné, à la suite de la capitulation italienne. Début décembre, à la suite d'un malentendu au sujet d'un parachutage d'armes et de munitions, le capitaine Le Ray remet sa démission au commandant Descour ("Bayard"), le chef d'état major.

    Toutefois, avant de quitter officiellement le Vercors le 31 janvier 1944, Alain Le Ray participe, le 25 janvier, à Méaudre, à une réunion clandestine du comité de l'Isère de la France combattante. C'est la réunion Monaco, au cours de laquelle il est décidé que le comité prendra désormais le nom de "Comité Départemental de l'Isère de la Libération Nationale" (CDLN).

    A la mi-mai 1944, le capitaine Le Ray est sollicité à l'unanimité du CDLN pour succéder au commandant de Reyniès, disparu quelques jours plus tôt entre les mains de la Gestapo. Sous le nouveau pseudonyme de "Bastide", il prend le commandement des Forces Françaises de l'Intérieur pour l'Isère.

    Le 6 juin 1944, à l'heure où les Alliés débarquent sur les plages de Normandie, Eugène Chavant, chef civil du Vercors, revient d'Alger porteur de promesses qui se veulent encourageantes pour le maquis : le plan "Montagnards" conçu par Pierre Dalloz et Alain Le Ray est bien valide. Alain Le ray se tiendra en étroite liaison  avec le chef d'escadron François Huet ("Hervieux"), commandant en chef du Vercors, tant pendant l'attaque allemande de Saint-Nizier, les 13 et 15 juin 1944, que pendant l'offensive générale menée contre le Vercors, du 21 au 31 juillet, par près de 13000 Allemands parfaitement entraînés et armés. 

    Malgré la chute du Vercors, il apparaîtra désormais que l'Allemagne allait perdre la guerre. Il est alors décidé d'intensifier l'action de harcèlement des forces ennemies. Pour autant, le capitaine Le Ray rejettera le projet d'une bataille de Grenoble tant que le général Pflaum y maintiendra des forces capables de mettre la ville à feu et à sang.

    Le 15 août 1944, les Alliés débarquent en Provence. Sept jours plus tard, Grenoble est libérée. Grenoble, "capitale de la Résistance", compagnon de la Libération par décret du 4 mai 1944, a bien mérité de la patrie. Promu lieutenant-colonel à titre transitoire au lendemain de la Libération, Alain Le Ray est chargé de constituer la 3ème demi-brigade de chasseurs alpins et la nouvelle division FFI. il se consacre à la réunion et à l'encadrement des maquis de l'Isère pour en faire les bataillons "Vercors", "Belledonne" et "Oisans", qui reprendront le combat en Maurienne.

    Après avoir occupé divers postes à l'état-major de l'armée, il devient entre autres négociateur à la commission mixte franco-vietnamienne du cessez-le-feu à Trung Gia, chef d'état-major de la 25ème division parachutiste, préfet en Algérie, général de brigade, et terminera sa carrière militaire en tant que général de corps d'armée, et deviendra Grand-Croix de la Légion d'honneur en 1996.

     

     * RIA : Régiment d'Infanterie Alpine

    Source : Alain Le Ray, le devoir de fidélité : un officier alpin au service de la France (1939-1945). - Jean-Pierre Martin.

  • Né à Paris en 1910, le général Alain Le Ray, officier de réserve, entre dans les troupes alpines à partir de 1933. En 1939-1940, il commande la 7ème compagnie du 159ème RIA* en avant de la ligne Maginot et dans l'Aisne, et il est cité avec sa compagnie pour le combat de Brény-sur-Ourcq contre deux bataillons allemands, le 9 juin 1940.

    Blessé, fait prisonnier en Poméranie, il s'évade en janvier 1941. Repris au-delà du Rhin et emprisonné au château de Colditz (Saxe), il parvient à s'en échapper en avril 1941. En février 1943, Pierre Dalloz, après approbation du général Delestraint (chef de l'Armée Secrète), constitue avec Le Ray, Yves Farge, Rémy Bayle de Jessé et le commandant Marcel Pourchier, le premier "Comité de combat du Vercors", récemment créé pour permettre à de jeunes Français d'échapper au Service du Travail Obligatoire institué par le gouvernement de Vichy. Ce sera le projet Montagnards, successivement approuvé par Jean Moulin, le général Delestraint et enfin par Londres.

    Dès la fin juin, après les arrestations du général Delestraint et Jean Moulin, Alain Le Ray s'emploie à reconstituer une équipe pour le Vercors. Le second "Comité de combat du Vercors" est créé (l'écrivain Jean Prévost renforce l'équipe en remplacement de Pierre Dalloz qui a rejoint Londres).

    Le lieutenant Le Ray est promu capitaine le 10 septembre 1943, au lendemain même de l'entrée des Allemands dans le Dauphiné, à la suite de la capitulation italienne. Début décembre, à la suite d'un malentendu au sujet d'un parachutage d'armes et de munitions, le capitaine Le Ray remet sa démission au commandant Descour ("Bayard"), le chef d'état major.

    Toutefois, avant de quitter officiellement le Vercors le 31 janvier 1944, Alain Le Ray participe, le 25 janvier, à Méaudre, à une réunion clandestine du comité de l'Isère de la France combattante. C'est la réunion Monaco, au cours de laquelle il est décidé que le comité prendra désormais le nom de "Comité Départemental de l'Isère de la Libération Nationale" (CDLN).

    A la mi-mai 1944, le capitaine Le Ray est sollicité à l'unanimité du CDLN pour succéder au commandant de Reyniès, disparu quelques jours plus tôt entre les mains de la Gestapo. Sous le nouveau pseudonyme de "Bastide", il prend le commandement des Forces Françaises de l'Intérieur pour l'Isère.

    Le 6 juin 1944, à l'heure où les Alliés débarquent sur les plages de Normandie, Eugène Chavant, chef civil du Vercors, revient d'Alger porteur de promesses qui se veulent encourageantes pour le maquis : le plan "Montagnards" conçu par Pierre Dalloz et Alain Le Ray est bien valide. Alain Le Ray se tiendra en étroite liaison  avec le chef d'escadron François Huet ("Hervieux"), commandant en chef du Vercors, tant pendant l'attaque allemande de Saint-Nizier, les 13 et 15 juin 1944, que pendant l'offensive générale menée contre le Vercors, du 21 au 31 juillet, par près de 13000 Allemands parfaitement entraînés et armés. 

    Malgré la chute du Vercors, il apparaîtra désormais que l'Allemagne allait perdre la guerre. Il est alors décidé d'intensifier l'action de harcèlement des forces ennemies. Pour autant, le capitaine Le Ray rejettera le projet d'une bataille de Grenoble tant que le général Pflaum y maintiendra des forces capables de mettre la ville à feu et à sang.

    Le 15 août 1944, les Alliés débarquent en Provence. Sept jours plus tard, Grenoble est libérée. Grenoble, "capitale de la Résistance", compagnon de la Libération par décret du 4 mai 1944, a bien mérité de la patrie. Promu lieutenant-colonel à titre transitoire au lendemain de la Libération, Alain Le Ray est chargé de constituer la 3ème demi-brigade de chasseurs alpins et la nouvelle division FFI. il se consacre à la réunion et à l'encadrement des maquis de l'Isère pour en faire les bataillons "Vercors", "Belledonne" et "Oisans", qui reprendront le combat en Maurienne.

    Après avoir occupé divers postes à l'état-major de l'armée, il devient entre autres négociateur à la commission mixte franco-vietnamienne du cessez-le-feu à Trung Gia, chef d'état-major de la 25ème division parachutiste, préfet en Algérie, général de brigade, et terminera sa carrière militaire en tant que général de corps d'armée, et deviendra Grand-Croix de la Légion d'honneur en 1996.

     

     * RIA : Régiment d'Infanterie Alpine

    Source : Alain Le Ray, le devoir de fidélité : un officier alpin au service de la France (1939-1945). - Jean-Pierre Martin.

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  • Focus sur : le château d'Uriage

     La commune de Saint-Martin d'Uriage se situe à l'entrée du massif de Belledonne. Située à une dizaine de kilomètres de Grenoble, on y accède depuis Gières par une gorge étroite impressionnante, où le Sonnant coule au milieu des bois. En remontant ce torrent, on débouche sur la station thermale d'Uriage, surplombée par son château perché sur son piton rocheux.

    Focus sur : le château d'Uriage

    Pierre Dunoyer de Ségonzac, jeune capitaine de cavalerie, quitte l'armée d'armistice et propose au Secrétaire d'Etat à la Jeunesse de Vichy de créer une école de cadres. Elle va avoir pour but de réfléchir aux causes de la défaite et de former les cadres des chantiers de jeunesse instaurés par le régime de Vichy.

    Elle s'installe au château d'Uriage et prend pour nom l'Ecole Nationale des Cadres. Dunoyer de Ségonzac organise des stages et des conférenciers viennent animer des débats. Plus de 4.000 jeunes vont suivre ces stages : les instructeurs sont logés au château, tandis que les stagiaires logent dans des chalets rudimentaires.

     L'effort intellectuel permanent, les travaux manuels dont le bûcheronnage bien utile pour chauffer le château, le développement artistique, la méditation, et pour certains la prière, contribuent au développement complet de l'homme. Ce qui lie ces hommes, c'est l'amour de la patrie forgé dans les souvenirs de la grande guerre, le désir de chasser les Allemands et la haine du nazisme.

    Certains membres sont en contact secret avec la Résistance : l'école devient suspecte : elle est dissoute le 27 décembre 1942. Certains se voient confier des missions à travers le pays. Le château est investi dès janvier 1943 par l'Ecole Nationale des Cadres de la Milice Française de Saint-Martin d'Uriage. Ses membres sont maréchalistes, violemment anti-communistes et anti-parlementaires.

    Dans la nuit du 10 au 11 juin 1944, les hommes du maquis de la compagnie Stéphane capturent des miliciens en faction devant la mairie de Saint-Martin d'Uriage. Giaume, le chef de l'état-major de la milice, s'en tire et se replie sur le château. Le lendemain, il prend en otage 22 villageois que le curé du village est chargé d'échanger contre les miliciens. Devant l'avancée des alliés, les miliciens évacuent le château le 5 juillet 1944 sous protection allemande. Vers midi, ils sont attaqués par les maquisards du capitaine Lanvin. Les Allemands poursuivent les assaillants, alignent contre le mur une dizaine de villageois qu'ils croyaient responsables et fusillent trois innocents. 

    Focus sur : le château d'Uriage

     L'Ecole Nationale des Cadres s'installe à nouveau au château, dirigée par le colonel Xavier de Virieu, avec pour mission d'unifier les différentes composantes des F.F.I et de rapprocher l'armée de la nation. A la fin de la guerre, le château est dans un état déplorable : les peintures de Debelle ont disparu (passées à la chaux), les cheminées cassées ou emportées, les plaques de cheminée dispersées. En 1947, la commune refuse de racheter le château à l'armée pour un franc symbolique. Il est à nouveau mis en vente en 1983 pour 600.000 Francs, mais la commune refuse toujours de l'acheter : il est donc acquis par Mme Templeton, qui le divise en appartements groupés en copropriété.

    (Source : Le château d'Uriage 1000 ans d'histoire - Chapô Public Editions) 

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  • De février à mars 1944, Aloïs Brunner - bras droit d'Adolf Eichmann - et ses hommes opèrent en Isère. Le Kommando Brunner s'installe dans l'hôtel Suisse & Bordeaux (6 place de la Gare), à la fois base pour l'action et prison pour les Juifs arrêtés par des rafles suivies de spoliations et de tortures, tandis que l'hôtel Terminus (10 place de la Gare) est réquisitionné par l'Office de Placement Allemand.

    L'hôtel Suisse & Bordeaux

    Les hôtels Suisse & Bordeaux et Terminus

    Quotidiennement, ses hommes traquent, filent, perquisitionnent et arrêtent. On estime à près de 250 personnes le nombre de celles qui ont été arrêtées ainsi. Face aux difficultés à trouver des Juifs, le Kommando encourage la délation et recourt à l'aide des collaborationnistes.

    La première action d'envergure du Kommando a lieu le 6 février à la station thermale d'Uriage. Le choix de la station fut sans doute fixé en raison du grand nombre de Juifs qui s'y étaient réfugiés et de l'implantation du 351è groupement de travailleurs étrangers dans lequel se trouvaient nombre de Juifs. 49 personnes sont transférées à Drancy. Quinze jours après, le Kommando effectue une opération similaire. 

    L'hôtel Suisse & Bordeaux

     Cette fois, la cible est le village de Monestier-de-Clermont, dans le Trièves. Une dizaine de personnes sont arrêtées le 23 février. 

    L'hôtel Suisse & Bordeaux

     En réalité, c'est à Grenoble que s'exerce l'essentiel des opérations : les arrestations s'y succèdent à un rythme effréné. Du 6 au 12 février, les hommes de Brunner visent les hôtels et les restaurants. Ce qui caractérise le mieux ces rafles et arrestations est le postulat adopté par le Kommando : toute personne est juive, à moins d'en apporter la preuve contraire. Tortures et sévices sont intensément pratiqués : il s'agit de faire avouer aux personnes arrêtées "leurs origines". L'arrestation d'une personne doit conduire à l'arrestation de l'ensemble de la famille. Pas un Juif ne doit échapper aux SS.

    Après le départ du Kommando Brunner, les arrestations ne s'arrêtent pas. Comme si leur passage à Grenoble avait créé une impulsion dans la traitement de la question juive.

     

     

    (Source : 1939-1944 Grenoble en Résistance : parcours urbains)

     

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    ...Un officier alpin au service de la France (1939-1945) - Lieutenant-Colonel Jean-Pierre Martin.

    Extrait du livre "Alain Le Ray : le Devoir de Fidélité"...

    De Gaulle dans les Alpes : l'adoubement de la division FFI

    Début novembre 1944, le général de Gaulle se rend sur le front des Alpes. Plusieurs étapes jalonnent ce parcours : Annecy, le cimetière de Morette, Thônes, Albertville, Chambéry et Grenoble. Pour le chef du Gouvernement provisoire de la République française, ce voyage revêt un double objectif : rendre hommage aux combattants des maquis alpins qui, aux Glières comme au Vercors, écrivirent en lettres de sang des pages parmi les plus emblématiques de la Libération ; préparer le front des Alpes à des opérations visant à accroître éventuellement notre territoire des districts francophones transalpins. Ainsi verra-t-on le chef de la France libre prodiguer ses encouragements au Comité Départemental de la libération de la Savoie et recevoir une délégation valdôtaine, en l'assurant de l'intérêt que portait le gouvernement français à cette région. Les termes de son discours prononcé le 5 novembre au PC de la 1ère DAFFI* , à Challes-les-Eaux, laissent entrevoir, par leurs sous-entendus, l'objectif qu'il entend fixer à cette force : "Que sera la destination exacte et la composition de la grande unité que formera la Division ? Je n'en suis pas certain, mais presque : une vraie Division alpine...De toute façon, la guerre n'est pas finie, si par hasard vous êtes portés à le penser, je vous rappelle que je ne crois pas que l'ennemi se couche avant de s'être battu très longuement et très durement...l'Armée française aura le temps et l'occasion de se promener, ce dont je vous réponds."

    (...)

    Le soir de cette inspection, de Gaulle se rend à Grenoble pour lui remettre la Croix de la Libération ; le lendemain, il passe en revue la nouvelle armée française alignée avenue Foch et Place de l'Exposition. On y trouve des éléments de la 4ème Division marocaine de montagne du général Sevez, responsable du secteur français des Alpes, et, rassemblée au complet, la 3ème Demi-Brigade de l'Isère, sous les ordres du commandant Le Ray.

    (...)

    Dans les salons de la Préfecture de l'Isère, Le Ray aura l'insigne honneur d'être présenté au chef de la France libre. C'est Yves Farge, Commissaire de la République à Lyon, qui introduit le jeune officier :

    "Le commandant Le Ray a beaucoup de choses à vous dire, mon général !" dit-il avant de s'éclipser.

    "Alors, Le Ray, qu'avez-vous à me dire ?"

    Le général fait asseoir son visiteur à côté de lui. Le visage du grand homme est blême, empreint d'une profonde lassitude.

    Le jeune officier, qui vient de recevoir la Croix de la Légion d'honneur, impressionné par cette froideur, hésite, ne sachant pas ce qu'il y a de plus utile à dire. Il parlera, sans le secours d'une seule question, de sa troupe qui vient de défiler et dont il est fier, et de la nature des derniers combats en coopération ou non avec les Américains, abordant avec précaution le délicat sujet du Vercors.

    Visiblement cela suffit.

    "Je vous remercie. Au revoir, Le Ray."

    D'abord désarçonné par ce tête-à-tête glacial, celui-ci a peu à peu mesuré l'immense fatigue accumulée sur les épaules du chef de la France libre depuis tant de mois et d'années. De toute façon, ce sera pour lui un grand souvenir. Puis il est reparti vers les tâches qu'appelait le départ du surlendemain pour la Maurienne.

     

     

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  • ...Un officier alpin au service de la France (1939-1945) - Lieutenant-Colonel Jean-Pierre Martin. 

    Extrait du livre "Alain Le Ray : le Devoir de Fidélité"...

     

    La tenaille se referme sur Grenoble

    "Depuis le 15 août, la situation du commandement de la 157ème Division, à Grenoble et dans toute la zone de sa responsabilité, est tout à fait critique. La XIXè Armée a exigé qu'il tienne la capitale des Alpes jusqu'au 30 août ; et, avec "Hochsommer"*, il a engagé une précieuse réserve opérationnelle. D'autre part, le maréchal Kesselring, qui commande le front d'Italie, exige sa présence au plus tôt sur la crête frontière, en couverture de son flan ouest.

    Aux abords du 19 août, Pflaum apprend avec consternation la remontée foudroyante de l'avant-garde de la VIIè Armée par la Durance. Il décide en catastrohe le repli général de ses unités. Mais encore faut-il éviter le piège redoutable qui se prépare entre les forces des maquis de l'Isère, à l'affût sur tous les itinéraires de fuite vers Lyon, la Savoie, ainsi que vers les cols frontières, et les colonnes américaines annoncées sous les cols Bayard et la Croix-Haute.

    (...)

    Pflaum, quant à lui, malgré un renfort d'un groupement de la 90è Panzergrenadier Division, sait fort bien ce qui l'attend s'il demeure à Grenoble avec des forces réduites. Les miliciens de l'hôtel d'Angleterre et les hommes du PPF qui s'accrochent à lui ne constituent qu'un danger de plus. Il sait qu'il est guetté dès les abords de la ville. Aussi se résout-il à une évacuation éclair dans la nuit du 21 au 22 août.

    (...)

    Au milieu de la nuit, deux formidables explosions ébranlent la cité. Les ponts sur le Drac ont sauté. Le silence revenu, les prisonniers n'entendent plus rien. Ils fracturent les portes : leurs gardiens ont disparu.

    Pflaum a réussi le tour de force d'évacuer Grenoble en trois heures, en pleine obscurité. (...) Il a aussi chosi d'abandonner les deux tiers de ses hommes et de s'enfuir par la Maurienne avec les blindés de la 90è PZD qui ravageront cette vaste vallée.

    (...)

    La nuit du 21 au 22 août fut, dans la ville de Grenoble, un épisode confus qui a donné naissance à de vaines controverses inspirées par l'instinct de compétition. Ce qui est certain, c'est que les groupes francs de Nal avaient reçu l'ordre de pénétrer dans Grenoble en fin de nuit et qu'ils l'exécutèrent. Il est également vrai que les secteurs limitrophes de Grenoble - le S2 de Chartreuse et le S6 du Grésivaudan - dépêchèrent des patrouilles dans la ville dès qu'ils eurent vent du début de l'évacuation allemande.

    Le 22 août au lever du soleil, les bâtiments officiels étaient occupés par les autorités civiles et militaires de la Résistance. A ce moment-là, aucun Américain n'était encore en vue dans la ville, ni dans sa banlieue, à l'exception d'un audacieux journaliste du Chicago Sun, M. Edd Johnson, revêtu, comme correspondant de guerre, de l'uniforme des armées US. Cet aventurier sympathique était venu par le tramway avec la première vague des ouvriers ; et la foule l'acclamait comme le premier libérateur américain...Ce quiproquo allait durer d'autant plus longtemps qu'un des bataillons qui relèverait le 143è RI US, était commandé par un homonyme, le lieutenant-colonel Philip Johnson.

    A cette même heure, (...) le colonel Adams, renseigné sur la vacuité des approches de Grenoble, dévale à toute allure vers Pont-de-Claix, que son avant-garde - une compagnie d'infanterie, un peloton de chars et une batterie d'artillerie - atteint à sept heures. Le bataillon lui-même (...) fera son entrée à Grenoble à treize heures. Le colonel va prendre immédiatement liaison avec le commandant "Bastide" - Le Ray, chef des FFI de l'Isère, et bientôt avec le nouveau préfet, "Vauban", Albert Reynier.

     

    Extrait du livre "Alain Le Ray : le Devoir de Fidélité"...

     

    Il installera son QG à l'hôtel Napoléon, rue Montorge.

    Extrait du livre "Alain Le Ray : le Devoir de Fidélité"...

    L'arrivée des Américains provoque une immense flambée de joie ; et personne ne doute de ce que la menace qu'ils représentent a été déterminante dans la décision de Pflaum. Mais il est vrai aussi que leurs unités n'ont joué aucun rôle direct dans la libération de la ville.

     

     

     

     * Hochsommer : opération militaire menée le 8 août 1944 par le général Pflaum, dans le massif de l'Oisans.

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