• Le maquis du Grésivaudan

    Le maquis du Grésivaudan fut un creuset où se sont retrouvés des Résistants aux origines très diverses, politiques, sociologiques et internationales. Les multiples motifs d'engagement n'ont pas empêché ce maquis d'être considéré comme ceux des plus adaptés à la guérilla en montagne.

    A sa tête, un chef reconnu et apprécié, Alphonse Manhaudier, dit "Evreux". Autour de lui, des groupes de combattants entraînés et courageux. L'évolution de la situation politique générale, comme la mise en oeuvre de la Relève, le STO (Service de Travail Obligatoire) ou le contexte local ont donné à ce maquis une organisation très vivante en phase avec les objectifs de la Résistance.

    En fait, les maquisards ont peu séjourné dans le Grésivaudan (qui est la vallée de l'Isère, reliant Grenoble à Chambéry). Ils étaient implantés sur les contreforts de la Chartreuse et surtout de Belledonne, des positions dominantes et plus faciles à défendre. Les combattants descendaient dans la vallée pour des coups de main. Là, se trouvent deux routes : la N 90 et N 523, une voie de chemin de fer, des industries comme les forges d'Allevard ou les papeteries de Lancey. On comprend l'intérêt de contrôler cette zone.

     

    Le maquis du Grésivaudan

     

    Dans la montagne d'Allevard, dès janvier 43, naquirent les premiers groupes, souvent grâce à des initiatives individuelles. Ainsi, celle de Jack Quillet, dentiste, et déjà membre de l'Armée Secrète. Sur son fauteuil, ses patients souffrant d'une rage de dent ont été les premiers maillons de son réseau. (...) Contremaître aux forges d'Allevard, Marcel Coquant, lui, oriente des réfractaires au STO vers la clairière de Chapot, au-dessus de Saint-Pierre-d'Allevard.

    Mais le recrutement n'est pas seulement local : d'autres mouvements fonctionnant déjà aux quatre coins de la France envoient des "colis" (nom donné aux recrues).

    (...) En avril, Sollières voit la création d'un camp de recrues locales, à l'initiative du mouvement "Combat" de Goncelin. Harcelés par des troupes italiennes, ce camp ne tiendra pas longtemps. "Combat" continue néanmoins d'accompagner ces premiers maquisards. (...) Un véritable maillage de la zone permet aussi des actions ponctuelles comme l'attaque de mairies ou de convois pour mettre la main sur des tickets d'alimentation (...).

    Ce maillage s'appuie aussi en grande partie sur la population locale. Ici, des boulangers font une fournée supplémentaire. Là, des maires faussent le comptage du bétail, obligatoire pour le ravitaillement général. Là encore, des habitants donnent du matériel ou des denrées indispensables.

    Au début, la vie dans le maquis s'organise surtout autour du ravitaillement et de quelques exercices militaires. Cachés dans les chalets de la montagne, les maquisards, en général des jeunes hommes, connaissent surtout l'inaction. La conséquence est que beaucoup choisissent de se déplacer, allant d'un groupe à l'autre. Les contrôles et les incursions de l'armée italienne les amènent aussi à bouger. Un contexte qui, jusqu'à la fin de l'été 1943, nuit au bon fonctionnement des camps et ne permet pas d'évaluer les effectifs disponibles. Certains d'entre eux se découragent et redescendent dans la vallée pour y trouver quelques distractions, au risque de se faire repérer par les soldats allemands. Quelques uns rejoignent leur foyer, renoncent au maquis et retournent travailler aux forges d'Allevard.

    Dans certains maquis, les hommes sont partagés sur la finalité de leur engagement, entre maquis-cachette et maquis-combat. Ainsi, le Lieutenant Frère, chargé de l'entraînement militaire du maquis de La Chapelle-du-Bard, pose la question de la finalité aux soixante Résistants de son groupe. La réponse est affichée sur sa porte :

    "Ici, on est entre copains, on ne veut pas de chef".

    Résultat : 25 hommes optent pour le maquis-cachette et partent dans un autre chalet. Moins organisés donc plus fragiles, ceux-ci sont arrêtés par les soldats italiens, le 5 mai 1943, au-dessus d'Allevard.

    (...) Jusqu'à l'automne, ces premiers maquis de réfractaires fixés dans Belledonne sont encore assez vulnérables. Le cadre plus militaire qu'apportera un certain nombre de chefs, des règles et des entraînements soutenus mettront fin à l'inactivité et aux interrogations. A partir de là, les maquis deviendront opérationnels.

    La perspective de passer l'hiver dans la montagne amène aussi les groupes à s'organiser résolument dans une configuration de combat : c'est à ce moment-là que les Allemands succèdent aux Italiens en Isère. Pour la Wehrmacht, la vallée du Grésivaudan présente un enjeu stratégique. Les maquisards s'attendent donc de la part de l'ennemi à un renforcement des moyens mis en oeuvre pour préserver cet axe et, par conséquent, les combattre.

     

    (A suivre)

    (Source : Le livre d'or de la Résistance en Isère)

     

     

     

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