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La Chartreuse et la Résistance, époque II : novembre 1943 - juin 1944
Alors que la Résistance locale commence à s'organiser, l'épisode de la "Saint-Barthélémy grenobloise" en décapite les têtes naissantes : dix responsables sont assassinés et, pour notre secteur, Frier est arrêté le 30 novembre, puis déporté.
Ce contrecoup ne stoppe pas pour autant la motivation de ceux qui veulent agir contre les nazis. Une semaine après ces arrestations, la Résistance parachève un travail commencé une quinzaine de jours auparavant avec la complicité d'Aloyzi Kospicki, un Résistant polonais, elle fait exploser le 2 décembre 1943 la caserne de Bonne où sont entreposées les armes des Allemands, démontrant à l'occupant nouvellement arrivé que malgré ses exactions, les arrestations massives, la Résistance iséroise ne s'en laisse as compter. Suite à cet acte, l'opinion publique est stupéfiée : la Résistance n'est pas morte, elle est prête à rebondir.
Le bras de fer entre les Grenoblois (qui sont 2.000 à défiler le 11 novembre 1943) et les Allemands (qui ont arrêté 600 hommes à l'occasion de cette manifestation et en ont déporté 375) se cristallise autour de ces actes de résistance et se poursuivra durant toute l'occupation.
Si les responsables locaux de la Résistance sont sous le choc de la vague d'arrestations, cela n'empêche pas la tenue d'une réunion dont le nom de code est "Monaco" : dix responsables départementaux de tous bords se réunissent le 25 janvier 1944 à l'hôtel de la Poste de Méaudre pour mettre en place le Comité Départemental de la Libération Nationale et déjà désigner l'un de ses membres (Albert Reynier) comme futur préfet de l'Isère. Les FFI, qui ont pour vocation de fédérer tous les mouvements de Résistance, sont créés dans le département et Albert Séguin de Reyniès en est officiellement nommé chef départemental le 10 février 1944. Mais il tombe dans les mains de l'ennemi moins de trois mois après, et disparaît le 6 mai 1944. C'est Alain Le Ray, chef militaire du Vercors, qui le remplace jusqu'à la Libération.
Une Résistance bicéphale se dessine peu à peu. D'un côté, celle de l'ORA (Organisation de Résistance de l'Armée)-AS, constituée de militaires demandant du temps pour préparer les combats de la Libération lorsque sera donné le mot d'ordre de Londres. De l'autre, celle des partisans de l'action et de la guérilla, groupes francs, Francs-Tireurs et Partisans qui, au contraire, ont objectif l'action immédiate. Cette divergence dans les approches du combat ne peut qu'entraîner des tensions.
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Sources : La Résistance en Chartreuse (Voiron, Voreppe, Rives, Saint-Laurent-du-Pont : 1940-1944) - Jean-Philippe Landru ; Mappy.com.
Tags : résistants, frier, voiron, 1944, berfini, voreppe, arrestations, novembre 1943, saint-barthélémy grenobloise
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