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Par Ljub le 18 Juillet 2015 à 22:33
Yvan Gastaut, Maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Nice Sophia-Antipolis, évoque la représentation des immigrés italiens en Isère, notamment durant la période qui nous intéresse.
(...) En 1931, subissant les effets de la crise économique, les établissements de tissage de soie Mesnard, situés à Bourgoin, qui emploie 150 ouvriers dont une majorité d'Italiens, essuie une grève des ouvriers français, excédés par l'omniprésence des immigrés. Les étudiants se plaignent également : en janvier 1935, ils se mettent en grève pour protester contre la concurrence des étudiants italiens qui obtiennent des diplômes français.
Il est vrai que la peur du fascisme et des revendications territoriales sur les Alpes françaises s'exprime, bien que Mussolini convoite la Savoie et non le Dauphiné. L'opinion iséroise demande de la fermeté face au Duce et s'inquiète de la présence d'espions ou de provocateurs dans leur entourage à mesure que les tensions diplomatiques s'exacerbent. Certes, la presse, tout en se montrant déterminée, invite à ne pas céder à l'amalgame, comme La République de l'Isère, en 1939 : "les Italiens résidant en France affirment depuis quelques temps leur volonté de ne pas permettre qu'une guerre fratricide mette aux prises les deux pays latins." Mais avec l'entrée en guerre de l'Italie aux côtés de l'Allemagne, la situation s'aggrave. Les Italiens sont invités à se présenter dans les commissariats afin de rédiger une déclaration de fidélité à la France, qui craint les traîtres.
(...) L'Isère se trouvant dans la zone d'influence définie par les accords Roatta-Von Stülpnagel du 29 juin 1940, l'occupation effective de Grenoble commence le 12 novembre 1942 avec l'apparition des premiers "motocyclistes italiens" et des premiers soldats en tenue gris-vert, place de la gare. Au cours de ces années difficiles, les Italiens du département de l'Isère ne vont plus au bistrot le soir, après le travail. Les familles n'osent plus sortir pour éviter d'essuyer des insultes du type "sales macaronis". Plusieurs centaines d'Italiens décident même de quitter le département (...).
Signe d'un climat de tension, le 30 août 1940, un vieillard coratin est exclu d'un café, puis arrêté par les gendarmes sous le prétexte que les Italiens n'ont pas à parler leur langue dans les locaux publics. (...) Des insultes sont attestées dans plusieurs rapports de police, tel celui du 13 octobre 1940 concernant un incident au hameau de la Bautière entre bûcherons italiens et jeunes français, ou celui du 27 janvier 1943 dans un incident entre femmes grenobloises et officiers italiens. Nombreux sont également les attentats d'intensité variable contre des bars ou des cordonneries tenus par des Italiens. Et un camp d'internement est établi à la hâte en 1940 dans le parc Bachelard à Grenoble où sont rapidement internés 800 Italiens suspects.
Pourtant, nombreux ont été les Italiens à avoir pris une part active à la Résistance à Grenoble, mais aussi dans le maquis du Vercors, notamment dans la Main-d'Oeuvre Immigrée (MOI), structurée par le parti communiste, puis au sein de la lutte armée dans les Francs-Tireurs partisans (FTP-MOI).
Avec la Libération, les animosités perdurent encore quelques années à l'instar des autres régions ayant eu à subir l'occupation italienne. L'Italien de l'isère est toujours victime du stéréotype du "macaroni" mais celui-ci perd peu à peu de son poids.
(...)
(Source : Un Air d'Italie : La présence italienne en Isère - Collection du Musée Dauphinois)
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Par Ljub le 13 Mars 2015 à 20:52
Depuis la fronde des Allobroges (1), le rébellion des Véragres (2) en Suisse et celle des Salasses (3) en Italie, les habitants des Alpes s'opposent, contestent, résistent.
Le mythe de Guillaume Tell, cet effronté courageux qui refusa les règles de l'odieux bailli Gessler (imposant à la population d'un village de saluer un chapeau posé sur un tilleul) traduit, au coeur de la Suisse, l'état d'esprit alpin : on n'obéit pas à l'absurde.
Depuis la journée des Tuiles en 1788 jusqu'aux sacrifices des maquis (Vercors, Glières, Belledonne) du dernier conflit mondial, les Alpes s'affirment clairement territoire de contestation. Comme si les hommes, loin d'être soumis par le poids des montagnes, étaient au contraire mus par un esprit de liberté à laquelle les sommets les appellent. Ici, on refuse les injustices, l'autorité illégitime ou le pouvoir trop centralisateur.
Parmi les 5 villes françaises élevées au rang de "Compagnon de la Libération", deux sont alpines : Grenoble et Vassieux-en-Vercors. Cette densité témoigne de l'état d'esprit particulier dont les Alpes, d'abord en zone libre, furent porteuses pendant l'occupation allemande. (...) C'est aussi au pied du Vercors que l'écrivain Jean Prévost (alias capitaine Goderville), grand prix de l'Académie française en 1943, fut tué dans une embuscade un an plus tard.
Dans le Vercors, 4.000 combattants s'opposent à 10.000 soldats allemands et 500 miliciens dans le courant de l'année 1944. L'offensive du Reich décimera cette "armée des ombres" (expression d'André Malraux), tuant, détruisant et déportant dans ce massif avec une brutalité sauvage.
Un peu plus loin, en Haute-Savoie, sur le plateau des Glières, l'ancien officier Tom Morel résiste, avec ses hommes, pour tomber finalement aux mains des forces allemandes et de la milice française le 26 mars 1944. Mais le combat était si inégal et le courage des maquisards si époustouflant que cette "défaite des armes" fut "une victoire des âmes" : l'épopée des Glières rentre dans la légende et devient lieu de pèlerinage autour du monument réalisé en mémoire des héros par le sculpteur Emile Gilioli en septembre 1973.
(1) : Tribu gauloise peuplant les Alpes avant la colonisation romaine.
(2) : peuple celte de Suisse.
(3) : peuple d'origine celte ou ligure qui occupa le Val d'Aoste.
[Source : Les 100 mots des Alpes (Que sais-je ?) - Jean Guibal ; Philippe Langenieux-Villard]
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Par Ljub le 8 Octobre 2014 à 19:34
Après avoir évacué Grenoble dans la nuit du 21 au 22 aôut 1944, une colonne allemande d'environ 1.500 hommes se retrouve encerclée à Montmélian par des FFI. Elle fit demi-tour. Arrivée à Domène, vers 4 heures du matin, les Allemands tirèrent des obus et détruisirent toutes les ampoules des lampadaires à la mitrailleuse.
Pendant toute la journée du 24, des combats s'engagèrent à Gières (à côté de Domène), où un poste de mitrailleuses américain était placé. Les Allemands détrisirent un char au lieu-dit La Galochère (à Saint-Martin d'Hères), mais des maquisards venant de Vizille et des environs vinrent en renfort. Les combats continuèrent jusqu'au soir, entre Lancey et Gières.
Un capitaine de la Wehrmacht demanda un cessez-le-feu : une délégation comosée d'une religieuse, d'un soldat américain libéré, d'un capitaine allemand et d'un interprète se rendit au PC de La Galochère, où se trouvait aussi un général français, le Général Zeller (l'un des chefs du maquis du Vercors).
Le Capitaine allemand prit la parole :
"Heil Hitler ! Je viens prendre les conditions de reddition. Vous êtes trop forts et trop nombreux. Nos hommes n'en peuvent plus. Ils sont mille, nos munitions ont sauté".
Puis, voyant l'officier français :
"C'est aux Américains que je me rends, pas aux Français !"
Un officier américain s'approche de Zeller et dit au Capitaine :
"Lui et moi, c'est la même chose : nous ne faisons qu'un. C'est à prendre ou à laisser".
Les Allemands se rendirent.
Ce dernier combat fit de nombreux blessés et des morts : cinq Allemands, deux Américains, deux habitants de Gières et des Résistants.
(Source : Années sombres...Années d'espoir...Saint-Martin d'Hères 1939-1945 - Olivier Vallade)
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Par Ljub le 7 Août 2014 à 22:27
Une blogueuse fidèle de mon blog vient de me taguer : je vais donc répondre à un questionnaire sur les vacances :).
1) Cite une activité-plaisir/détente que tu as faite en juillet
La sieste.
2) Cite une activité-plaisir/détente que tu vas faire en août
Des photos.
3) Ajoute une photo d'un endroit qui t'est cher, que tu trouves joli, une vue que tu aimerais partager avec les autres
Le sommet Tour de Belém, à Lisbonne : une vue magnifique sur l'océan, et sur l'Histoire : les grandes découvertes.
4) Combien de jours as-tu tenu sans travailler en juillet ?
Une semaine : celle durant laquelle je suis parti découvrir Berlin.
5) La chanson de l'été, pour toi, c'est quoi ? (un p'tit clip ?)
6)Trouve 8 mots (nature indifférente) qui commencent chacun par l'une des lettres du mot VACANCES et qui illustrent ton été
Voir ailleurs
Allemagne
Changer de travail
Abcd :)
Ne pas nager pour cause de piscine fermée
Compter les jours avant de reprendre
Ecole Primaire en perspective
Soleil peu présent
7) Et ce mois d'août, tu le vois comment ?
Que je me remette dans le bain, et que je redécouvre les joies de préparer des interventions en classe.
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Par Ljub le 16 Août 2013 à 16:34
Le 16 août 1944, Saint-Martin-le-Vinoux était bombardée.
Après avoir subi le bombardement meurtrier du 26 mai 1944, la ville de Saint-Martin-le-Vinoux va être le théâtre d'une nouvelle tragédie. Le mercredi 16 août de la même année, alors que les troupes alliées viennent de débarquer en Provence, voilà qu'une alerte retentit, provoquant la panique parmi la population de la commune.
En effet, des forteresses volantes passent dans le ciel dans un vrombissement assourdissant, aussitôt suivi de siflements aigus et sinistres des bombes qui viennent d'être larguées au-dessus de la ville.
Comme pour la première fois, la cible visée se trouve être la gare de triage et le pont de chemin de fer, sauf, qu'au lieu de cela, ce sont des tonnes de bombes qui s'écrasent sur le quartier de Pique-Pierre.
Ce jour-là, les sauveteurs dépêchés sur place vont dégager 27 morts et 25 blessés des maisons éventrées ou partiellement détruites. Partout aux alentours, c'est la désolation et cette odeur de mort qui plane sur ce quartier.
(Article de Maurice MICHEL, Dauphiné Libéré du 16 août 2013)
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