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Témoignage de Résistants (suite)
(Sources : textes = Mémoire vivante, paroles de résistants - Ville d'Echirolles - Ville d'Eybens ; carte = www.mappy.com ; photos personnelles issues du Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère)
Pierre Thibaut grandit dans une famille de six enfants. Son père, qui entre très tôt dans la Résistance, mourra héroïquement en juillet 1944, tué par les nazis. Une tragique époque qui va déterminer son engagement.
"Moi, je suis entré dans le maquis pour venger mon père. Parce que quand on a su que son père a été massacré comme ça, on est très, très touché. On est obligé de faire quelque chose. Tout ce qui se passait dans mon pays, je ne l'ai pas admis. Je n'ai pas admis que des Français collaborent avec l'occupant et que des Français sortent des Français de chez eux en les matraquant, les montent dans des camions, les amènent à l'armée allemande. [...] Moi, je vous le dis : c'était atroce." Pierre THIBAUT
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Bernard Baille-Barrelle évoque la détention de son père Louis Beille-Barrelle.
"A Buchenwald, il travaillait. Parce que les déportés, ils étaient là pour travailler. Mais ça ne les empêchait pas de faire de la Résistance dans les camps. Ils détruisaient les machines, ils cassaient quelque chose... Moi j'ai entendu mon père dire : un jour, un copain à lui - ils travaillaient ensemble - lui dit : "Dis donc Louis, t'en as pas marre de faire ce boulot pour ces cons ?" Et ils ont foutu le four en l'air, ils ont cassé le four.
Ils se sont fait...On les a foutus au bord d'une tranchée. Il y avait des tranchées ouvertes où il y avait tous les morts. On les a mis au bord de la tranchée, toute la nuit, avec les mains sur la tête près des miradors, en attendant qu'ils tombent. Et puis c'est un Allemand, qui était donc déporté politique puisqu'il y en avait depuis longtemps en déportation, qui est venu le chercher et qui l'a caché pendant deux trois jours, jusqu'à ce qu'il puisse ressortir, jusqu'à ce qu'on ait oublié." Bernard BAILLE-BARRELLE
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René Faure fait partie de l'AS. Son frère Jean l'a rejoint au maquis au printemps 1944 et leur section est basée à Rivoirand lorsque les Allemands lancent leur offensive.
"Ils ont attaqué l'Oisans avec les tanks, leurs blindés et compagnie, et nous on a reçu l'ordre de repli sur le lac Luitel.
Pendant qu'on montait du Rivoirand donc jusqu'au lac Luitel on sentait qu'on était épié tout le long, surveillé, contrôlé par des gens en civil. On les voyait qui nous guettaient. On est monté quand même au lac Luitel, et c'est là qu'ils nous ont tiré dessus. Ils ont commencé à nous bombarder au mortier et à la mitrailleuse. Là, sur les quarante à peu près qu'on était à la Croix-du-Mottet, on s'est spéaré par petits groupes de douze. On s'est caché parce qu'ils patrouillaient dans les bois un petit peu de partout. On s'est caché pour éviter qu'ils nous chopent parce que s'ils nous chopaient c'était la mise à mort. C'est d'ailleurs là...Mon frère, l'aîné,était parti aux Chantiers de jeunesse et avait déserté pour venir me rejoindre dans le maquis. Et lui donc là, au Luitel, eh bien il s'est fait tuer.
[...]
Il n'a pas eu bien de chance parce que la première bagarre qu'il y a eu...Il s'est fait tuer. Il a pris des rafales de mitrailleuses. C'est les paysans qui l'ont accompagné qui m'ont expliqué : dans l'épaule, et les Allemands, c'est eux qui lui ont tiré dessus et malgré tout il y a un officier allemand qui était peut-être infirmier, il l'a soigné, il lui a mis des pansements. Ils l'ont remis sur pied comme on dit et après ils lui ont dit : "Raus", de partir et à peine il est parti ils ont pris lepistolet et pan, ils lui ont foutu une balle derrière la tête, ils l'ont achevé.
[...]
C'était quelques jours avant la Libération, disons mi-août." René FAURE
Tags : resistants, pere, luitel, moi, beille-barrelle, chantiers de jeunesse
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