Avant novembre 1943 : les initiateurs
Durant la seconde moitié de l'année 1942, les mécanismes organisationnels de la résistance nationale commencent tout juste à se mettre en place. Au niveau local, même si une poignée d'hommes (Durand, Berfini, Frier et Weber) ont réussi à organiser différents mouvements locaux, la Résistance prend principalement la forme de réseaux indépendants qui, par relations interindividuelles, sportives ou professionnelles, s'organisent spontanément en petits groupes de personnes.
Il semble à beaucoup d'entre eux presque normal de faire de la Résistance. Ces actions sont variées : inscrire des V ou des croix de Lorraine sur les murs, à côté des gammas de la milice à Voiron ; faire marcher la radio de Londres à Voreppe ; porter une chemise sur laquelle est inscrit : "Merde aux Boches !" ; coller des affiches ; distribuer clandestinement des journaux et des tracts ronéotypés ou imprimés en les passant sous le manteau dans les usines et quelquefois comme à Voiron, en les jetant à travers le balcon de la salle du cinéma central, etc...
Dès août 1942, sous l'impulsion de Georges Frier, chirurgien-dentiste à Voiron, cette Résistance civile et les premiers mouvements de Résistance déjà évoqués tentent de se fédérer. Frier prend des contacts dans chaque sous-secteur, met en place des relais et monte l'organisation de la Résistance du secteur. Il est aussi en relation avec la Résistance de Grenoble.
Cet homme de compromis, peu politisé et auquel on ne connait pas d'ennemis, est désigné officiellement comme responsable MUR (Mouvement Uni de la Résistance) au printemps 1943.
Frier est aidé dans cette tâche par Edgar Kopfler (Seigle), responsable de l'AS (Armée Secrète), professeur de lettres juif d'origine roumaine. Il accueille dans sa maison de l'avenue Dausset à Voiron des juifs et des Résistants, en partie grâce à l'aide de ses voisins, la famille Chenot. C'est un Saint-Cyrien, ce qui explique sa responsabilité dans l'Armée Secrète. Il s'engage totalement dans la tâche qui consiste à préparer l'armée de libération mais n'a malheureusement pas de temps de faire tout le travail auquel il se destine, puisqu'il juge préférable de monter à Paris quelques temps après la "Saint-Barthélémy grenobloise", vers janvier 1944, pour se faire oublier.
Sources : La Résistance en Charteuse (Voiron, Voreppe, Rives, Saint-Laurent-du-Pont, 1940-1944) - Jean-Philippe Landru ; Mappy.com.