• Le Conseil Général de l'Isère, la Ville de Grenoble, diverses communes iséroises ainsi que de multiples associations d'anciens combattants ont organisé des manifestations commémorant l'automne 1943, date cruciale dans le département.

    Le lundi 11 novembre (à 10h15) a eu lieu la commémoration annuelle des arrestations et des déportations consécutives à la manifestation du 11 novembre 1943. Celle-ci se tenait place Pasteur, à Grenoble (cf. article plus haut).

    Les commémorations du mois de novembre

    Le lundi 25 novembre (à 11h) a eu lieu la commémoration annuelle de la "Saint-Barthélémy grenobloise", place de la Résistance à Grenoble.

    Le même jour, à 18h, l'exposition "Automne 43 : Résistance et oppression" a été inaugurée au Musée de la Résistance et de la Déportation.

    Le vendredi 29 novembre (à 10h30), les 70 ans de la mort du Docteur Valois ont été commémorés (toujours place de la Résistance) au mur du souvenir.

    Les commémorations du mois de novembre

    Le même jour, à 11h30, auront lieu la présentation de l'ouvrage "Gaston Valois, la République à en mourir", ainsi que la projection du film "la Saint-Barthélémy grenobloise. La traque de la Résistance", au Palais du Parlement.

    En janvier 2014 sera lancée la version itinérante de l'exposition "Automne 43", à la médiathèque de Saint-Marcellin.

    Les commémorations du mois de novembre 2013

     

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  • Focus sur : le château d'Uriage

     La commune de Saint-Martin d'Uriage se situe à l'entrée du massif de Belledonne. Située à une dizaine de kilomètres de Grenoble, on y accède depuis Gières par une gorge étroite impressionnante, où le Sonnant coule au milieu des bois. En remontant ce torrent, on débouche sur la station thermale d'Uriage, surplombée par son château perché sur son piton rocheux.

    Focus sur : le château d'Uriage

    Pierre Dunoyer de Ségonzac, jeune capitaine de cavalerie, quitte l'armée d'armistice et propose au Secrétaire d'Etat à la Jeunesse de Vichy de créer une école de cadres. Elle va avoir pour but de réfléchir aux causes de la défaite et de former les cadres des chantiers de jeunesse instaurés par le régime de Vichy.

    Elle s'installe au château d'Uriage et prend pour nom l'Ecole Nationale des Cadres. Dunoyer de Ségonzac organise des stages et des conférenciers viennent animer des débats. Plus de 4.000 jeunes vont suivre ces stages : les instructeurs sont logés au château, tandis que les stagiaires logent dans des chalets rudimentaires.

     L'effort intellectuel permanent, les travaux manuels dont le bûcheronnage bien utile pour chauffer le château, le développement artistique, la méditation, et pour certains la prière, contribuent au développement complet de l'homme. Ce qui lie ces hommes, c'est l'amour de la patrie forgé dans les souvenirs de la grande guerre, le désir de chasser les Allemands et la haine du nazisme.

    Certains membres sont en contact secret avec la Résistance : l'école devient suspecte : elle est dissoute le 27 décembre 1942. Certains se voient confier des missions à travers le pays. Le château est investi dès janvier 1943 par l'Ecole Nationale des Cadres de la Milice Française de Saint-Martin d'Uriage. Ses membres sont maréchalistes, violemment anti-communistes et anti-parlementaires.

    Dans la nuit du 10 au 11 juin 1944, les hommes du maquis de la compagnie Stéphane capturent des miliciens en faction devant la mairie de Saint-Martin d'Uriage. Giaume, le chef de l'état-major de la milice, s'en tire et se replie sur le château. Le lendemain, il prend en otage 22 villageois que le curé du village est chargé d'échanger contre les miliciens. Devant l'avancée des alliés, les miliciens évacuent le château le 5 juillet 1944 sous protection allemande. Vers midi, ils sont attaqués par les maquisards du capitaine Lanvin. Les Allemands poursuivent les assaillants, alignent contre le mur une dizaine de villageois qu'ils croyaient responsables et fusillent trois innocents. 

    Focus sur : le château d'Uriage

     L'Ecole Nationale des Cadres s'installe à nouveau au château, dirigée par le colonel Xavier de Virieu, avec pour mission d'unifier les différentes composantes des F.F.I et de rapprocher l'armée de la nation. A la fin de la guerre, le château est dans un état déplorable : les peintures de Debelle ont disparu (passées à la chaux), les cheminées cassées ou emportées, les plaques de cheminée dispersées. En 1947, la commune refuse de racheter le château à l'armée pour un franc symbolique. Il est à nouveau mis en vente en 1983 pour 600.000 Francs, mais la commune refuse toujours de l'acheter : il est donc acquis par Mme Templeton, qui le divise en appartements groupés en copropriété.

    (Source : Le château d'Uriage 1000 ans d'histoire - Chapô Public Editions) 

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  • Le 16 août 1944, Saint-Martin-le-Vinoux était bombardée.

    Focus sur : Saint-Martin-le-Vinoux 

    Après avoir subi le bombardement meurtrier du 26 mai 1944, la ville de Saint-Martin-le-Vinoux va être le théâtre d'une nouvelle tragédie. Le mercredi 16 août de la même année, alors que les troupes alliées viennent de débarquer en Provence, voilà qu'une alerte retentit, provoquant la panique parmi la population de la commune.

    En effet, des forteresses volantes passent dans le ciel dans un vrombissement assourdissant, aussitôt suivi de siflements aigus et sinistres des bombes qui viennent d'être larguées au-dessus de la ville.

    Comme pour la première fois, la cible visée se trouve être la gare de triage et le pont de chemin de fer, sauf, qu'au lieu de cela, ce sont des tonnes de bombes qui s'écrasent sur le quartier de Pique-Pierre.

    Ce jour-là, les sauveteurs dépêchés sur place vont dégager 27 morts et 25 blessés des maisons éventrées ou partiellement détruites. Partout aux alentours, c'est la désolation et cette odeur de mort qui plane sur ce quartier.

     

    (Article de Maurice MICHEL, Dauphiné Libéré du 16 août 2013)

     

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  • (Travail de recherche effectué par deux étudiants lors de l'année scolaire 1974-1975, à l'Institut d'Etudes Politiques de Grenoble)

    Le Commandant Nal effectue un récit détaillé et précis des mouvements de manifestants qui semblent un instant se diviser, quand ils arrivent, venus du cour Jean Jaurès par la rue d'Alsace-Lorraine sur la place Victor Hugo mais se regroupent finalement pour déboucher près du monument aux Diables Bleus à midi.

    Focus sur : la manifestation du 11 novembre 1943

    Lucienne Gosse (...) assure que le rassemblement commença place Grenette et précise : "Les Allemands manoeuvrèrent de façon à repousser les manifestants jusque sur la grande place qui est devant le Parc des Expositions. Là, ils les cernèrent et plusieurs centaines de participants ou de simples passants furent pris au piège (...).

    Selon le Commandant Nal, les manifestants ont réussi à atteindre le monument, y déposer des fleurs, y accrocher un drapeau tricolore. Un officier de gendarmerie monté sur une borne appelle à la dispersion et au moment où la police française, sous les ordres du commissaire central Toussaint, canalise la foule vers le centre de la ville, des forces allemandes sorties des bâtiments de la place encerclent un millier de manifestants. L'interposition de forces françaises de police évite peut-être un carnage, ses chefs sont d'abord arrêtés, désarmés et fouillés. Les Allemands effectuent soudain un mouvement tournant, isolant un millier de manifestants, qui sont poussés vers un enclos improvisé ceint de fil de fer.

    Le samedi 13 novembre, des camions gardés par des hommes armés jusqu'aux dents, équipés de mitrailleuses braquées sur la rue emmènent à la gare 500 prisonniers (...).

    Les deux chercheurs ont ensuite étudié la composition de cette "population" de ces manifestants. Le fichier du NAP (Noyautage de l'Administration Publique) leur donnait une bonne base de départ, au minimum un nom et un prénom, souvent, en plus, une adresse et parfois une profession, pour 320 personnes arrêtées et déportées. (...) Ils ont donc dépouillé systématiquement aux Archives départementales les listes électorales de la période 1936-1943. Au terme de ce travail, ils disposaient de fichiers pour 160 personnes : identité, âge, profession, lieu d'habitation. Ils se sont alors tournés vers l'Association des Anciens Déportés du 11 novembre 1943 (10 rue Colbert, à Grenoble) : (...) les fiches ont été reprises une par une. (...) Ils ont ensuite formulé une conclusion sous forme de questions : 

    • A quelle couche sociale appartenaient-ils ?
    • Quel âge avaient-ils ?
    • D'où venaient-ils ?

    A la première question, ils répondent que (...) le gros des manifestants étaient des ouvriers et des employés, accompagnés d'un certain nombre d'artisans et petits commerçants. Il n'y a pas dans les fiches de noms de représentants de la bourgeoisie grenobloise (...).

    A la deuxième question, ils répondant que les manifestants comprenaient un très grand nombre de jeunes, puisque 46 % des personnes concernées par l'étude avaient alors entre 15 et 25 ans (...).

    A la troisième question, ils répondent que les manifestants de Grenoble venaient avant tout des quartiers qui, avant la guerre, votaient à gauche et à l'extrême-gauche, ceux qui avaient été "les points chauds" de l'été 1936. (...) Le contingent de manifestants venant des communes avoisinantes apparaît comme dominé par deux communes : Fontaine (comme avec une forte implantation du Parti Communiste) et Echirolles (citadelle ouvrière, avec l'usine de la Viscose).

    Une question n'est pas résolue : par qui, comment et sous quelle forme s'est effectuée la mise en garde de ne pas manifester le 11 novembre ? Aucun document ne figure dans les annexes ; aucune précision n'est donnée. Sur ce terrain, l'union sacrée a joué : cette divergence-là, qui a peut-être été très coûteuse, a en tout cas été enterrée très profondément.

    Les deux étudiants concluent : "il ne s'agit pas d'action de réseaux clandestins menée par des "permanents", ni de l'action de groupes de partisans armés, ayant quitté leur milieu social et professionnel, une "armée de l'ombre". Les manifestants du 11 novembre 1943 ont quitté l'usine, l'atelier ou le bureau le 10 au soir. Le 12, ils sont en prison ou retournent au travail".

     

    (Source : Mémoires de déportés : Musée de la Résistance et de la déportation) 

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  • (Témoignage de Lucien COLONEL)

    "Il est près de midi lorsque nous débouchons sur la place du parc Paul Mistral, la foule arrive de toutes les voies d'accès sur l'immense place et se regroupe au pied du Monument à la gloire des Diables Bleus. Le service d'ordre est débordé, les manifestants sont près de 2.000, certains déposent des fleurs, un drapeau tricolore est placé dans les bras de la statue de bronze, c'est alors que s'élève, puissante, entonnée par la foule la "Marseillaise", jamais je n'avais entendu notre chant national chanté avec une telle ferveur, c'est un instant pathétique, une immense émotion parcourt la foule, beaucoup sont en larmes, c'est pour moi un instant émouvant et inoubliable.

    C'est alors que pressentant une intervention des Allemands, le lieutenant David, adjoint au commandant de la Gendarmerie de l'Isère monte sur une des bornes bordant le monument et invite la foule à se disperser. Il est suivi dans le même sens par le commissaire Toussaint, qui vient d'arriver avec des renforts, la foule commence alors un mouvement de repli vers la ville.

    Soudain, une détonation retentit, nous apercevons dans le ciel une fusée, c'est alors que surgissent de toutes parts des soldats armés de fusils mitrailleurs (...) accompagnés de policiers de la Gestapo. Déployés en tirailleurs, ils font mouvement d'encerclement : c'est une grande débandade pendant laquelle plusieurs centaines de patriotes parviendront à s'échapper, tandis que la tenaille se referme sur plus d'un millier de manifestants.

    Encerclés, les soldats allemands nous poussent à coups de crosses jusqu'à un enclos ceinturé de barbelés. (...) Au moment de l'envahissement de la place par les soldats allemands, les forces de police et de gendarmerie se trouvaient "prises en sandwich" entre les deux camps. Un massacre venait ainsi d'être évité.

    Les officiers de police et de gendarmerie arrêtés au cours de la manifestation, après des heures detractation, furent libérés. Les commandant Hamann, chef nazi, connu pour ses actes de cruauté avait menacé de les faire fusiller, devant leur incapacité de briser la manifestation.

    (...) Les événements et les arrestations furent vite connus en ville. Dans l'après-midi, des parents de manifestants arrêtés tentèrent de s'approcher du lieu où nous étions détenus, sous la garde de soldats en armes (...). Les Allemands, qui craignaient une nouvelle manifestation, devaient informer la population par haut-parleur, que le moindre rassemblement serait dispersé par le feu de leurs troupes. En fin d'après-midi, les femmes et les enfants de moins de 16 ans furent libérés, nous fûmes alors conduits sous bonne escorte à la caserne de Bonne (...). Le lendemain devait commencer la fouille et les interrogatoires : les hommes âgés et des affectés spéciaux furent relâchés.

     

    Focus sur : la manifestation du 11 novembre 1943 (I)

    Le samedi 13 novembre (...) nous sommes rassemblés à la gare de Grenoble quand, par haut-parleur, quatre noms de captifs sont appelés : ils seront libérés sur le champ. Ce sont 396 Grenoblois qui franchiront la porte du Frontstalag 122, installé dans la caserne de Royallieu, transformé en camp d'internement après la défaite de 1940, pour devenir l'antichambre de la mort.

    immatriculé sous le numéro 20.463, je suis affecté au bâtiment 8, chambre 10, et retrouve 51 Grenoblois. (...)

    Le 16 janvier au matin, je suis appelé parmi tant d'autres, c'est la formation d'un convoi pour l'Allemagne, la plupart des patriotes grenoblois seront du départ. Le 17 janvier, entassés à plus de cent dans les wagons à bestiaux, nous quittons Compiègne, destination Buchenwald, puis Dora, qui sera le tombeau de très nombreux Grenoblois.

     

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