• Le secteur de la Chartreuse est sur le plan géographique riche et très divers. C'est un ensemble de plaines, de forêts, d'alpages d'avant pays, à forte densité de population. De nombreux couloirs de circulation parcourent tout cet ensemble. Cette topographie n'a pas d'équivalence dans le département.

    La Résistance possède un caractère très particulier, forgé par la diversité des lieux. Sur Voiron et en région urbaine, nous trouvons des groupes d'action, alors que dans la montagne se trouvent des équipes de maquisards, et des groupes francs, en plaine.

    Les Allemands sont même, en raison de cette force en présence, obligés de se retirer de Voreppe, du 20 au 24 juin 1940, pourchassés par l'Armée des Alpes. Grenoble n'est pas ainsi soumise, un temps, à l'occupation allemande, puisque libre juste avant la trêve des combats. Le frecel d'armements par cette armée d'armistice prépare la phase de Résistance qui s'organise déjà.

    A partir de l'été 1943, le massif de la Chartreuse voit arriver des pionniers de ce maquis. Ce sont parfois des personnes extérieures au massif, et toutes n'ont pas la même motivation. Pour les unes, c'est fuir le STO. Pour les autres, c'est le combat contre le nazisme. Pour d'autres encore, la possibilité de cacher des Juifs.

    (...) Tous quittent, fin 1943, le massif pour se replier sur Voreppe, Voiron, Saint-Laurent-du-Pont et Rives, les villes les plus importantes, afin d'accueillir des groupes de dissidents. (...) Chaque ville a sa spécificité en fonction de sa position géographique. A Saint-Laurent-du-Pont, il s'agit d'un rôle de guet. A Voreppe et Rives, une surveillance des axes routiers les desservant. A Voiron, où se trouve le siège de la milice, la Résistance a du mal à s'organiser. 

    Le maquis de la Chartreuse 

    Après la Saint-Barthélémy grenobloise, du 25 au 29 novembre 1943, (...) la Résistance iséroise doit se restructurer. (...) Alain Le Ray devient Commandant pour l'Isère, abandonnant son poste du Vercors en raison de dissidences internes persistantes. Son arrivée facilite, en revanche, des rapports plus directs entre les différentes unités.

    Après le 6 juin, jour du débarquement, les acteurs se rencontrent tous au fort du Saint-Eynard. Ce sera la seule fois qu'une telle rencontre aura lieu. (...) Il s'agit de définir, de façon précise, les terrains et actions à entreprendre par les uns et les autres, dans ce secteur. (...) Trois compagnies FTP voient aussi le jour. (...) Environ 750 hommes sont mobilisés dans le maquis de la Chartreuse.

    (...) Contrairement au Vercors, la Chartreuse, prévenue du massacre de Saint-Nizier, ne doit pas devenir une forteresse. Il lui faut former les jeunes dans un lieu préservé, et n'agir que dans la plaine, avec les autres forces d'intervention. Là est son rôle.

    Ils montrent leur force et leur nombre, par une descente à Voiron, où ils manifestent leur présence durant toute la journée du 29 juin. Les miliciens abandonnent leur poste de commandement. Le lendemain, devant cette menace, ils se replient à Grenoble.

    Le 14 juillet, des armes sont parachutées sur le Vercors. Des hommes sont envoyés dans le but de les récupérer, car les maquisards en manquent cruellement. Toutes ne sont pas récupérées, certaines sont égarées. Cette action provoquera une gêne et une incompréhension entre les différents secteurs. Le 28 juillet, descendus à Voiron, plusieurs centaines de maquisards récupèrent des stocks de nourriture et de vêtements.

    (...) Le 14 août, la cluse de Voreppe est attaquée. Le combat dure une demi-journée, et les Allemands s'enfuient en laissant leurs véhicules. Une vingtaine de véhicules sont également attaqués par la compagnie Stéphane. Il ne s'agit plus de guérilla, mais d'un affrontement direct et, malheureusement, de représailles...terrifiantes et sanglantes. La Chartreuse sera-t-elle attaquée ?

    Une Compagnie, "Antoine", est mise en action le 15 août. Arrivée au col du Cucheron, le détachement intercepte une camionnette remplie d'armes destinées au maquis de l'Ain. Le chauffeur de cette camionnette apprend aux maquisards qu'il ne reste plus dans Grenoble que quelques rares unités.

    Le 22 août, la ville est libérée à 8h30. Le bataillon de la Chartreuse devient réalité ce même jour.

    En conclusion, le maquis de Chartreuse a eu notamment une redoutable efficacité dans les sabotages et autres destructions de stocks de matériel. Son action permanente a permis de former de nombreux jeunes à l'action menée en vue de la libération.

    (Source : Le Livre d'or de la Résistance en Isère)

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  • Le maquis du Grésivaudan fut un creuset où se sont retrouvés des Résistants aux origines très diverses, politiques, sociologiques et internationales. Les multiples motifs d'engagement n'ont pas empêché ce maquis d'être considéré comme ceux des plus adaptés à la guérilla en montagne.

    A sa tête, un chef reconnu et apprécié, Alphonse Manhaudier, dit "Evreux". Autour de lui, des groupes de combattants entraînés et courageux. L'évolution de la situation politique générale, comme la mise en oeuvre de la Relève, le STO (Service de Travail Obligatoire) ou le contexte local ont donné à ce maquis une organisation très vivante en phase avec les objectifs de la Résistance.

    En fait, les maquisards ont peu séjourné dans le Grésivaudan (qui est la vallée de l'Isère, reliant Grenoble à Chambéry). Ils étaient implantés sur les contreforts de la Chartreuse et surtout de Belledonne, des positions dominantes et plus faciles à défendre. Les combattants descendaient dans la vallée pour des coups de main. Là, se trouvent deux routes : la N 90 et N 523, une voie de chemin de fer, des industries comme les forges d'Allevard ou les papeteries de Lancey. On comprend l'intérêt de contrôler cette zone.

     

    Le maquis du Grésivaudan

     

    Dans la montagne d'Allevard, dès janvier 43, naquirent les premiers groupes, souvent grâce à des initiatives individuelles. Ainsi, celle de Jack Quillet, dentiste, et déjà membre de l'Armée Secrète. Sur son fauteuil, ses patients souffrant d'une rage de dent ont été les premiers maillons de son réseau. (...) Contremaître aux forges d'Allevard, Marcel Coquant, lui, oriente des réfractaires au STO vers la clairière de Chapot, au-dessus de Saint-Pierre-d'Allevard.

    Mais le recrutement n'est pas seulement local : d'autres mouvements fonctionnant déjà aux quatre coins de la France envoient des "colis" (nom donné aux recrues).

    (...) En avril, Sollières voit la création d'un camp de recrues locales, à l'initiative du mouvement "Combat" de Goncelin. Harcelés par des troupes italiennes, ce camp ne tiendra pas longtemps. "Combat" continue néanmoins d'accompagner ces premiers maquisards. (...) Un véritable maillage de la zone permet aussi des actions ponctuelles comme l'attaque de mairies ou de convois pour mettre la main sur des tickets d'alimentation (...).

    Ce maillage s'appuie aussi en grande partie sur la population locale. Ici, des boulangers font une fournée supplémentaire. Là, des maires faussent le comptage du bétail, obligatoire pour le ravitaillement général. Là encore, des habitants donnent du matériel ou des denrées indispensables.

    Au début, la vie dans le maquis s'organise surtout autour du ravitaillement et de quelques exercices militaires. Cachés dans les chalets de la montagne, les maquisards, en général des jeunes hommes, connaissent surtout l'inaction. La conséquence est que beaucoup choisissent de se déplacer, allant d'un groupe à l'autre. Les contrôles et les incursions de l'armée italienne les amènent aussi à bouger. Un contexte qui, jusqu'à la fin de l'été 1943, nuit au bon fonctionnement des camps et ne permet pas d'évaluer les effectifs disponibles. Certains d'entre eux se découragent et redescendent dans la vallée pour y trouver quelques distractions, au risque de se faire repérer par les soldats allemands. Quelques uns rejoignent leur foyer, renoncent au maquis et retournent travailler aux forges d'Allevard.

    Dans certains maquis, les hommes sont partagés sur la finalité de leur engagement, entre maquis-cachette et maquis-combat. Ainsi, le Lieutenant Frère, chargé de l'entraînement militaire du maquis de La Chapelle-du-Bard, pose la question de la finalité aux soixante Résistants de son groupe. La réponse est affichée sur sa porte :

    "Ici, on est entre copains, on ne veut pas de chef".

    Résultat : 25 hommes optent pour le maquis-cachette et partent dans un autre chalet. Moins organisés donc plus fragiles, ceux-ci sont arrêtés par les soldats italiens, le 5 mai 1943, au-dessus d'Allevard.

    (...) Jusqu'à l'automne, ces premiers maquis de réfractaires fixés dans Belledonne sont encore assez vulnérables. Le cadre plus militaire qu'apportera un certain nombre de chefs, des règles et des entraînements soutenus mettront fin à l'inactivité et aux interrogations. A partir de là, les maquis deviendront opérationnels.

    La perspective de passer l'hiver dans la montagne amène aussi les groupes à s'organiser résolument dans une configuration de combat : c'est à ce moment-là que les Allemands succèdent aux Italiens en Isère. Pour la Wehrmacht, la vallée du Grésivaudan présente un enjeu stratégique. Les maquisards s'attendent donc de la part de l'ennemi à un renforcement des moyens mis en oeuvre pour préserver cet axe et, par conséquent, les combattre.

     

    (A suivre)

    (Source : Le livre d'or de la Résistance en Isère)

     

     

     

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  • Grenoble et les plaques commémoratives

    1/ Intersection quai Claude Bernard et rue d'Arsonval :

    Grenoble et les plaques commémoratives

    2/ Place Doyen Gosse :

    Grenoble et les plaques commémoratives

    Grenoble et les plaques commémoratives

     3/ Le cours Berriat

    (Siège de la Gestapo, au n° 28.)

    Les lieux de commémoration

    4/ rue de Palanka

    Grenoble et les plaques commémoratives

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    Grenoble et les plaques commémoratives

     5/ La place Pasteur

    (Cf. Les lieux de commémoration)

     Grenoble et les plaques commémoratives

     6/ Parc Mistral

    Grenoble et les plaques commémoratives

    Grenoble et les plaques commémoratives 

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    Grenoble et les plaques commémoratives

    7/ La rue P. Dupont

    Grenoble et les plaques commémoratives

     8/ rue Jean Prévost

    Grenoble et les plaques commémoratives  

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    Grenoble et les plaques commémoratives

    9/ Le parc Michallon :

    Grenoble et les plaques commémoratives

    10/ rue Bizanet :

    (Centre de Documentation Juive Contemporaine)

    Grenoble et les plaques commémoratives

    Grenoble et les plaques commémoratives

     11/ Ecole Bizanet

    Grenoble et les plaques commémoratives

    Grenoble et les plaques commémoratives

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    Grenoble et les plaques commémoratives 

    12/ Intersection place de Vedun et rue Cornélie-Gémond

    Grenoble et les plaques commémoratives

     

     (A suivre...)

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  • Ces Résistants ne sont pas tous isérois. Par contre, ils ont oeuvré en Isère. Voici quelques noms :

    Jean Bistesi : il assure la diffusion et la propagande du journal Combat et aide au camouflage de minerais précieux pour la guerre. Devenu chef de la branche Résstance-Organisation-Propagande, il est assassiné par la milice lors de la Saint-Barthélémy grenobloise, alors qu'il sort de son laboratoire.

    Robert Blum ("Beaudricourt") : Lieutenant-Colonel qui rejoint Grenoble en octobre 1942, après avoir fondé la section varoise de Combat. Il succède à Marie Reynoard à la tête de la section iséroise, après l'arrestation de cette dernière. Son activité ne passant pas inaperçue, Klaus Barbie (responsable de la Gestapo de Lyon) décide d'agir : le 21 janvier 1943, la Gestapo pénètre la zone d'occupation italienne pour se rendre à son domicile et l'arrêter devant sa famille. Son beau-frère, Paul Zigmant (également membre de Combat) est aussi arrêté. Les deux hommes sont conduits à Lyon pour y être interrogés. Détenu à Fresnes, Compiègne, puis Drancy (où Aloïs Brunner le choisit comme "chef commandant juif du bureau du camp"), il est déporté à Auschwitz, où il meurt le 21 janvier 1944.

    Eugène Chavant : agent de maîtrise chez Neyret-Berlier, il est démissionné par Vichy de son poste de maire de Saint-Martin d'Hères. Avec Léon Martin et Aimé Pupin, ils fondent la section grenobloise des Francs-Tireurs. En 1942, il est co-fondateur de "France Combattante", devient membre du Comité Départemental de Libération Nationale et chef civil du Vercors, assurant la logistique des maquisards 

    Malheureusement, il est spectateur malgré lui de l'assaut du 21 juillet par les Allemands et la milice visant à réduire le maquis : il se chargera d'envoyer un télégramme à Londres, signifiant la fin du maquis.

    Louise Collomb : tenancière avec Jacques Collomb du Comptoir Lyonnais, rue Alsace-Lorraine, elle héberge de nombreux juifs et accusés, ainsi que des aviateurs alliés abattus par l'ennemi. Elle participe au sabotage de films de propagande comme à la destruction d'un fichier du STO. Le Comptoir Lyonnais va tenir un rôle important d'informations clandestines avec la zone Nord, car les tracts et journaux en provenance de Lyon y sont déposés. Son fils Roger devient agent de liaison du groupe Combat. au Comptoir Lyonnais. Le 3 octobre 1942, le café est perquisitionné, mais sans aucun résultat. Décédée le 12 août 1958, elle est élevée au titre de Juste des Nations par l'état d'Israël. Henri Delaye : en 1940, il est chef d'escadron et commande le parc régional d'artillerie de Grenoble. Il dit à ses hommes de "dissimuler le maximum d'armes et de munitions, par tous les moyens". Il établit des dépôts clandestins à la Houille Blanche, au quai Créqui, au parc Paul-Mistral et à l'hôtel de la Paix et de la Justice, tandis que les véhicules du parc sont utilisés pour le transport des chefs de la Résistance.

    Georges Duron : il arrive à Grenoble en provenance de Nîmes en 1936. En 1941, il ouvre le Pavillon des Fleurs (place Victor Hugo) avec sa femme. Il vend aussi des timbres et des billets de loterie dans des cafés et des restaurants. Trois miliciens l'arrêtent en novembre 1943 : il se débat, mais est assommé, puis assassiné.

    Gustave Estadès : dessinateur chez Merlin-Gerin, il est un membre actif de la Résistance. Arrêté et torturé par la Gestapo, il aide le Docteur Valois à se suicider, avant d'être déporté. Mais il survivra. Pierre Fugain : il fait partie des premiers lycéens et étudiants à manifester leur rejet de la politique du Maréchal en distribuant de journaux communistes, tels La Relève ou l'Avant-Garde. Arrêté en mars 1941, il est emprisonné à Fort Barraux durant une année, avec d'autres "Français indésirables". Il devient le chef-adjoint du réseau de renseignements Coty qui, entre autres, mettra à jour le code secret de la flotte de guerre allemande. Roger Guigue : employé civil du génie et mécanicien-ajusteur, il est membre des groupes francs. Il participe au camouflage de matériels après 1940. Il est arrêté au salon de coiffure que tient sa femme au 15 rue Brocherie, puis assissiné sur la route de Meylan, sans avoir parlé sous la torture, sauvegardant ainsi le stock d'armes caché.

    Léon Martin : militant socialiste et maire de Grenoble entre 1932 et 1935, puis de 1945 à 1959, il crée une section des Francs-Tireurs. Il contacte Aimé Pupin, le propriétaire du café La Rotonde, près de la gare, en présence de Lucien Hussel et d'Eugène Chavant. A partir de la mise en place du STO en février 1943, le docteur Martin et Aimé Pupin envoient les réfractaires à Villard-de-Lans, Autrans, Méaudre, Allevard, etc...(les cars Huiller facilitant le transport vers les maquis du Vercors). Le 3 mars 1943, Aimé Pupin, Yves Farge (journaliste au Progrès) et Pierre Dalloz se rendent à Villard-de-Lans pour prendre contact avec les hommes de confiance, mais à leur retour, la maison de Pupin est cernée et Mme Pupin est emmenée à la caserne Hoche. Aime Pupin s'installe à Villard et crée le maquis du Vercors.

    Le Capitaine Louis Nal : capitaine d'artillerie en 1939, il est fait prisonnier par les Allemands et est détenu en Silésie, où il contracte la tuberculose. Il est rapatrié en France en décembre 1940 et s'installe à Grenoble. Il devient résistant sous le pseudonyme de "Brunet". Au sein du groupe Combat, il participe à l'organisation des Groupes Francs et veille avec Aimé Requet à la bonne répartition de l'armement détourné. En mai 1944, il devient le chef des Groupes Francs de l'Isère. Il est l'instigateur de la prise d'arme au 7 quai Créqui. Miné par la tuberculose, il suspend ses fonctions, mais sera élu au conseil municipal de Grenoble en 1947.

    Jean Pain : entré dans le mouvement "Combat" en 1942, il est l'adjoint du Docteur Valois. Il est aussi le correspondant à Grenoble du Progrès de Lyon puis au Lyon républicain. Il s'occupe des réfractaires au STO et du Recrutement-Organisation-Propagande (ROP) du département. Il est arrêté au café du Tribunal, place Saint-André. Interrogé, les Allemands retrouvent sur lui un carnet comprenant les noms, les coordonnées et les pseudonymes de Résistants, dont celui du Docteur Valois. Il indique l'une des 'boîtes aux lettres" de la Résistance, rue de Strasbourg. Il est exécuté et retrouvé mort à Voreppe. Jean Perrot : docteur en droit et directeur commercial des établissements Sappey, il rejoint la Résistance en 1942 et devient chef du mouvement Franc-Tireur-Ville et membre du directoire des MUR. A la suite de l'arrestation de Jean Pain et du Docteur Valois, il est interpellé par la Gestapo, puis exécuté.

    Etienne Poitau : il dirige la Compagnie Stéphane, auteur de plus de 70 actions de guerre entre juin et août 1944, dont l'opération du fort de la Bastille le 27 juillet 1944. Alors que les Allemands encerclent le fort et que le Lieutenant François-Henri de Quinsonas ("Fiancey") a été tué, il tire au fusil-mitrailleur d'une crête du mont Jalla : les Allemands refluent. Alain Le Ray : officier des troupes alpines évadé de la forteresse de Colditz. Il prend la tête des Forces Françaises de l'Intérieur suite à l'élimination du capitaine Albert Séguin de Reyniès, le 6 mai 1944. Il en sera le chef à la libération de Grenoble (sous le nom de Bastide). Cf. "Focus sur Alain Le Ray".

    Albert Reynier : nommé instituteur à Grenoble en 1939, il entre à Combat en 1941. Sur le point d'être arrêté au moment de la Saint-Barthélémy grenobloise, il réussit à fuir et se réfugie dans le maquis du Grésivaudan, dont il deviendra le chef militaire au printemps 1944. A la création du Comité Départemental de la Libération Nationale de l'Isère, il est désigné comme futur préfet. Il meurt à Izeaux, en janvier 1949.

    Marie Reynoard : professeur de lettres au lycée de jeunes filles Stendhal, elle favorise la création de Combat en faisant se rencontrer chez elle Henri Frenay (dirigeant du groupe Libération Nationale) et François de Menthon dirigeant du groupe Liberté). Elle dirige la section iséroise du mouvement, jusqu'à son arrestation en mai 1943, et sa déportation en janvier 1944, où elle décède dans d'atroces conditions. Robert Blum (alias "Baudricourt") lui succède, avant d'être arrêté, puis déporté à son tour. Elle est aussi à l'origine de l'Armée Secrète, sous le commmandement de Samuel Job et d'Albert Reynier.

    Albert Seguin de Reyniès : il est désigné pour remplacer Albert Reynier après la Saint-Barthélémy grenobloise. Commandant du 6ème Bataillon de Chasseurs Alpins, il envoie ses hommes encadrer les maquis en Chartreuse et dans le Vercors. Alors qu'il allait relever son courrier à l'Hôtel de la Division Alpine (place de Verdun), il tombe dans un guet-apens le 6 mai 1944. C'est Alain Le Ray qui est nommé Commandant des FFI une semaine plus tard.

     

    Quelques figures de la Résistance iséroise

     

    Paul Vallier (de son vrai nom : Paul Gariboldi) : dessinateur à Merlin-Gerin, il devient membre de Combat en novembre 1942, puis se retrouve à sa tête en juillet 1943. Il a à son actif, avec son ami Jean Bocq, un grand nombre d'actions, dont l'attaque du siège de la Milice et le hold up de la Poste centrale de Grenoble. Il est dénoncé en mars 1944. Dans un garage de Fontaine, lui et Bocq sont attaqués par des hommes de la Milice et de la Waffen SS. Une fusillade éclate : trois miliciens et Bocq sont blessés. Vallier attire sur lui ses agresseurs, permettant à Bocq de fuir, mais le milicien Guy Eclache lui tire dessus et le tue. Gaston Valois : ancien conseiller général radical-socialiste et maire de Tullins, il parvient à réunir Combat, Libération et Francs-Tireurs au sein des MUR (Mouvements Unis de Résistance) en 1943. Il devient membre exécutif du Comité de la France Combattante de l'Isère. Lorsque 10 responsables de l'ensemble des mouvements se réunissent à Méaudre le 25 janvier 1944, ce comité change de nom et devient le Comité Départemental de la Libération Nationale de l'Isère. Il a pour but de préparer à la prise du pouvoir. Arrêté durant la Saint-Barthélémy grenobloise, il est torturé et se suicide en se sectionnant la veine du bras à l'aide d'une lame de rasoir : son corps est enfoui à Corenc et ne sera retrouvé qu'à la Libération.

    Robert Zarb : né à Port-Saïd d'un père maltais citoyen britannique et d'une mère française, Robert Zarb est assigné à résidence à Grenoble, en tant que sujet britannique, lorsque la guerre est déclarée. Il poursuit ses études de médecine commencées à Montpellier et c'est en 1942 qu'il décide de rejoindre le mouvement "Combat".

    Fuyant la zone libre et le risque d'internement administratif de par sa citoyenneté britannique, il passe la ligne de démarcation près de Tours, mais ses cartes d'alimentation portant le cachet de Grenoble le trahisse : la Gestapo l'arrête. Interrogé sous la torture, il ne livrera rien et sera déporté dans le camp de Mathausen en 1943. Les SS utiliseront ses compétences en médecine pour le placer avec d'autres hommes du milieu médical dans le kommando du laboratoire de recherches qu'ils ont nouvellement créé. Lorsque les SS mettront fin aux expériences, Robert Zarb sera affecté à l'infirmerie du camp. Il sauvera Jean Grey d'une mort probable.

    A la libération du camp, les Américains trouvent en lui l'interprète dont ils ont besoin. Il partira en Egypte pour se refaire une santé tout en écrivant son journal de déportation.

    Il reviendra à Grenoble pour achever ses études et exercera toute sa carrière dans la ville. Il décédera en 2003.

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  • Témoignage de Pierre Fugain « comment passer une chicane salué par les sentinelles ? »

    « Les Allemands avaient dressé sur les grandes artères qui conduisaient à Grenoble des barrages infranchissables, faits de chicanes mobiles barbelées. L’un deux, à hauteur de l’hôtel Lesdiguières, parfaitement incontournable, nous interdisait la route du Sud.

    L’ennemi savait qu’au-delà commençait une zone en partie contrôlée par les maquis de l’Oisans, du Trièves et de Vif et était bien décidé à ne rien laisser passer là, dans un sens comme dans l’autre. La Kommandantur avait retiré tous les laisser-passer et n’en délivrait de nouveaux qu’au compte-gouttes à ses proches collaborateurs. Il nous fallait passer outre.

     

    Pierre Fugain évoque un passage de barrage allemand

    Parmi nos informateurs, nous avions Louis Cussinet, le chef français de la censure de presse, celui qui assura après-guerre à je ne sais plus quelle radio la chronique hippique. Il s’était fait auprès des Allemands une réputation d’amusant farfelu et d’inoffensif noceur. La Résistance le considérait comme un collabo.

    Le commandant allemand de la censure se voulait son ami. Cet officier, du nom de Schmitt avait pour maîtresse une Française divorcée qui confiait ses enfants à une nourrice de Varces (au-delà du barrage). Je demandais un jour à Cussinet de me présenter à son homologue allemand. On régla le scénario de la rencontre et, quelques jours plus tard, au café de l’Univers, comme par hasard, je rencontrais Cussinet attablé avec l’Allemand et sa maîtresse.

    (…) Affectant de baisser la voix, je confiais que je m’occupais plus de marché noir que de journalisme, mais que rien n’allait plus pour moi tant il devenait difficile de circuler en voiture. Le commandant allemand, je le savais, se fichait éperdument du mercantilisme (…). Le ton amical de la conversation l’avait mis en confiance. Il en vint à m’avouer qu’il était amoureux fou et très en souci pour la sécurité de sa bien-aimée. On regretta ensemble le risque que les terroristes faisaient courir aux honnêtes collaborateurs qui s’aventuraient sans protection hors de Grenoble. Devant son amie affolée, je lui dépeignais les risques auxquels il l’exposait en la promenant dans une voiture immatriculée en WH (immatriculation de la Wehrmacht).

    Enfin, on convint qu’il me ferait obtenir un ausweis et que, dans la mesure où mon trafic me le permettait, je les conduirais à Varces dans ma voiture innocente à immatriculation française.

    On se rendit alors à la Kommandantur installée à l’Hôtel de la Gare. (…) Le commandant nous introduit enfin et me remet le rarissime, l’inespérable laisser-passer portant le label protecteur de « Zeitung-Dienst » (Service de Presse), à mon nom, dûment signé, tamponné : magnifique !...et je profite d’une courte effusion qu’il a avec sa maîtresse pour subtiliser, sous les yeux exorbités et désapprobateurs de Cussinet, quelques autres documents du même genre, des passierchein prêts à servir, qui attendaient sur le bureau qu’on leur donne un titulaire.

    Le soir même, dans ma traction « en règle », j’emmenais à Varces le couple roucoulant et tranquillisé. Pour confirmer mon titre de trafiquant de marché noir, j’offrais à la fille un gros morceau de fromage de Savoie qui provenait d’une camionnette du ravitaillement allemand intercepté par la Résistance.

    Après quelques passages, les sentinelles de passage, habituées à la voir passer, conclurent une bonne fois pour toutes que ma voiture n’était pas suspecte, puisqu’elle appartenait au service de presse et transportait (ce qui leur imposait un respect particulier) un officier supérieur allemand en civil. Dès lors, avec ou sans tourtereaux, à l’approche de ma traction, les chicanes étaient rapidement enlevées et, sans même à avoir à montrer patte blanche, je passais presque tranquille.

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